Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)
14 POUSSIÈRE DU PASSÉ
avec un peu d'énergie, avoir raison des enragés; elle l'aurait pu d’autant mieux que ceuxci ne brillaient pas toujours par le courage et ne se montraient téméraires qu’autant qu'ils avaient affaire à des timides. Mais aucune tentative ne fut essayée pour arriver àce but. Le parti de l'ordre ne déploya qu’une insigne lâcheté; il gémissait, se désolait et redoutait l'action; il ne sut pas barrer le chemin aux agitateurs et l’anarchie se déchaîna. C’est alors que la calomnie put faire son œuvre, et qu'aux Jacobins d’abord, dans d'autres clubs ensuite, s’élevèrent des chaires publiques de diffamation, ouvertes à des'orateurs qui avaient pris à tâche d’avilir tout ce qui, en France, était revêtu de quelque autorité : le rot, les tribunaux, les administrateurs, les généraux, et qui s’attaquèrent même aux citoyens les plus inoffensifs.
Tels furent les préludes de léchafaud. Bientôt l'audace de ces malfaiteurs, ne rencontrant pas d'obstacles, ne connut plus de bornes. La tribune leur envoya des encouragements. On leur apprit que s’il faut obéir à la loi, c’est seulement quand la loi ne blesse pas l'opinion publique. On
leur prêcha beaucoup d’autres doctrines non