Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

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poir dans les protestations des départements, attendant d’eux un secours; mais cet espoir ne se réalisa pas. Une poignée de brigands et de fous resta triomphante en face d’une immense armée de braves gens affolés par la peur. Dès ce jour, lesforfaits ne se comptèrent plus etfurent sans exception le résultat non de mouvements populaires publiquement provoqués, mais de conjurations secrètes. C’est ainsi que les forcenés qui régnaient dans Paris se substituèrent peu à peu aux légitimes détenteurs de la force publique, et dominant par la Commune la Convention elle-même, qui, selon la belle image de M. de Serre, ne vota plus que sous les poignards, ils étendirent sur la France leur despotique et sanglant pouvoir, dont la chute de la Gironde marqua l'apogée. Le 31 mai, le 1°" et le 2 juin 1793, ils eurent pour complice une masse facilement conduite, aveuglément et lâchement obéissante à leurs ordres, accoutumée déjà à favoriser, à commettre même le mal qu’au fond elle ne voulait pas et à se laisser asservir par la peur.

Les chefs des terroristes ne se méprenaient pas aux causes réelles de leur influence. Ils sa-

vaient bien que, parmi la foule qui les suivait, la