Poussière du passé : (notes et tableaux d'histoire)

48 POUSSIÈRE DU PASSÉ

visait que les espions et les traîtres. En réalité, on n'arrête que des innocents, qui vont remplir les prisons et fourniront, quelques jours plus tard, des victimes aux massacreurs.

Le 2 septembre, à la fin du jour, le tocsin sonne dans Paris.

— C'est le tocsin de la victoire, s’écrie Danton. Et comme celui à qui il s’adresse lui fait part du bruit public qui montre les prisonniers au moment d’être égorgés, il répond : — Je me f.. des prisonniers. C’est nous qui devions tous être égorgés cette nuit. On avait fourni à ces coquins d’aristocrates qui sont dans les prisons des armes à feu et des poignards. Le peuple, instruit à temps et irrité, veut faire justice lui-même.

Tout était mensonge dans cette réponse. Les aristocrates étaient sans armes. Les visites domiciliaires n’avaient fait découvrir que deux mille fusils dans tout Paris. Quant au peuple, il songeait si peu à se faire justice lui-même que les assommeurs furent recrutés parmi la plus basse lie de la population. Mais il fallait un prétexte. Danton en trouva deux : la colère populaire et les prétendus complots des aristocrates.