Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 238
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core beaucoup d’autres symptômes d’anarchie, car elle-était répandue dans toutes les parties du corps politique. L'insubo?dination faisait des progrès dans les troupes de ligne. La désertion, à-peu-près générale des officiers, indignait les soldats, et leur faisait perdre toute discipline. Les impôts établis avec sagesse et modération, par l'assemblée constituante , ne se percevaient que sur les grands propriétaires. On vivait d’assignats, on dévorait avec imprévoyance cette ressource. Les biens du clergé se vendaient peu avantageusement. Trop occupée des soins révolutionnaires, l'assemblée législative ne parlait des finances, que pour en dévoiler, et non pour en réparer le désordre: La circulation des subsistances dans Pin térieur éprouvait les plus grands embarras. À chaque instant de nouvelles émeutes presque toujours accompagnées de meurtre et de pillage. On avait la terreur de la famine, que suit de près la famine elle-même.
Les villes maritimes souffraient beaucoup des troubles qui avaient déjà éclaté dans les colonies, et qui faisaient pressentir à chacune leur embrassement total. La tranquillité de ces villes était menacée par leur population, qu’elles ne pouvaient ni occuper, nt nourrir. Entouré de tant de fléaux,
* Paris laissait Le soin de calmer ou d’exciter les troubles à son
assemblée, à ses clubs, à leurs légions révolutionnaires. On se livrait aux plaisirs, comme si c’était la dernière fois qu’on eût à les goûter. L'Histoire de cette année montre plus encore qu'aucune autre de la révolution, combien une longue mollesse, et quelques principes favorables à l'égoïsme, avaient flétri les ames.
Voyons la situation de la France au dehors. L'assemblée constituante avait épouvanté tous les rois de l'Europe, et les avait tenus dans le silence. Ils cherchaient cependant à
‘ . < ; . rapprocher leurs intérêts, à s’entre-communiquer leurs alar—
mes. Quelques-uns des premiers émigrés, célèbres par le rôle ou le rang qu’ils avaienteu dans leur pays, animaientleur passion, et cherchaient à la porter jusqu’à l’audace. Mais l'Angleterre qui devait leur donner l'impulsion, ne montrait encore qu'une opposition timide au système francais. M. Pitt n'avait paru d’abord qu'un froid contemplateur de nos mouvemens révolutionnaires, mais il s’apercevait que nos principes acquéraient chaque jour, dans son pays, beaucoup de prosélytes ardens, et quelques-uns de recommandables. Il voila ses démarches : il ne fut pas un témoin inactif de nos premiers troubles. Le terrible retour de Varennes, engagea les puissances, jusques-là irrésolues, à venger la majesté du trône. L’Angleterre négociait depuis long-temps, avec mystère, maisavec activité, une alliance entre l'Autriche et la Prusse. Lexcès de