Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3, str. 239
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la terreur, ou celui de l'ambition, pouvaient seuls rapprocher ces deux püissances, divisées par tant d'intérêts et tant de souvenirs.
Des conférences se iinrent à la Haye, à Pilnitz (2). La convention qui fut conclue dans cette dernière ville, entre l’Au= triche et la Prusse, fut apprise avec le plus grandétonnement. Elle était un avertissement de la ligue qui se formait contre la France. Ce qui fut connu des articles de cette convention , jetait encore moins d’alarme que ce qui en était soupconné. On y voyait d’abord une garantie réciproque, que se donnaient les deux monarques, contre l'invasion des principes révolutionmaires, et les entreprises directes des Francais. Le roi de France était placé sous la protection desalliés ; la guerre devait éclater sur-le-champ , si la couronne ne lui était pas rendue. Voilà ce que publiaient les puissances elles-mêmes; on ne doutait pas que toutes celles du Nord, et le roi d'Espagne, et le roi de Sardaigne, ne dussent bientôt accéder à ce concert. On voyait Angleterre conduisant cette ligue, sans l'avouer encore. On parlait, non pas avec précision mais avec assez de vraisemblance, du partage régléentre l’empereur et le roi de Prusse, de quelques-unes de nos provinces. Tout faisait craindre que, quoique cette ligue ne parût d’abord que défensive, ou une puissante intercession pour Louis, elle ne prit bientôt des caractères d'agression. Les émigrés français pressaient vivement pour une prochaine invasion. Leursintrigues, à la vérité, nese dirigeaient pas sur un plan uniforme. Ils avaient entre eux beaucoup de divisions , suivant l'affection particulière qu’ils portaient à l’un ou à l’autre des princes, suivant le système de gouvernement qu’ils se proposaient de faire adopter àleur retour. M. de Calonne et M. de Breteuil portaient, sur ce nou-. veau théâtre, leur ancienne inimitié : d’autres partis combattaient chacun d'eux; mais tous s’accordaient à garantir les rapides succès d'une invasion. Cependant les préparatifs des. puissances ne répondaient point encoreal’impatience desémigrés. Elles portaient les premières vues de leur ambition sur la Pologne, qui avait osé faire une révolution pour se soustraire a l'anarchie qui la déchirait depuis tant de siècles. On voulait la punir d’avoir établi dans le Nord les principes dela révolution française.
L’Autriche, qui manque plutôt d'activité dans les commenæemens d’une entreprise, que de persévérance et d’habileté à Îa soutenir, paraissait assez portée àse contenir , à l'égard de la France, dans une situation défensive. Léopold régnait. On l'avait vu, en Toscane, rechercher la gloire d’une administration sage. Son caractère le portait à une surveillance louable dans son but , minutieuse dans ses réglemens, et qu’il ne pou-