Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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grande ville où la communication des idées est si prompte, n’invoquassent la liberté, souveraine destructrice de tous les abus.
Les abus en effet subsistaient encore. Le roi avait appelé M. Turgot à l'administration des finances : c'était les confer à la vertu. Formé aux affaires dans l’intendance du Limousin, il y avait acquis une de ces répntations solides qui attirent l'estime. La fécondité de ses principes le conduisait à accroître le commerce par la liberté; l’industrie par les droits rendus à chacun de l'exercer; l’agriculture par la simplification de l'impôt; l'aisance par le soulagement de la classse pauvre des citoyens; la perfection de l'administration générale par la popularité des administrations particulières. Capable de tont voir, et déjà persuadé de cette vérité dont l’assemblée constituante nous a convaincus, qu’il fallait reconstruire toute la machine, il voulut tout faire. On le lui reprochait : Dans ma famille, dit-il, on ne passe pas cinquante ans : j'ai peu d'années à vivre; Je dois ne rien laisser d’interrompu après moi. C'était soulever contre lui cette foule d'hommes en crédit dont l'existence se compose des malheurs publics. Les ennemis parurent de
ar-tout : il fut obligé de se retirer.
M. de Clugny lui succédal, et futremplacé par M. Necker. Ses lumières en économie et en finances l’annoncaientà Paris, car la nation ne le connaissait pas encore. Passionné pour la gloire, et pour le bien public, dans lequel il la plaçait, il médita des réformes et des économies que les dissipations d’une cour dévorante rendaient impossibles. L'hHonorable erreur de son cœur a toujours été de.croire à la vertu. Mais enfin, soit
ue l’'amourde la gloire quil’animaitleutconvaincu qu’on n’en obtient de solide que par l'estime publique, soit qu'il voulut être soutenu par la nation contre la cabale active des courtisans, au milieu desquels il était étranger, il publia l’état des finances du royaume. Son Compte rendu produisit l’effet d’une lumière subite au milieu des ténèbres. L’enthousiasme fut universel. Ce livre passa dans toutes les mains; il fut lu dans les villages et dans les hameaux. On parcouraitaveceuriosité, on dévorait ces courtes pages, où enfin étaient consignées les dépenses et les ressources de la France, On mouillaït de pleurs celles qu’un ministre citoyen avait empreintes de réflexions lumineuses et consolantes, où il s’occupait du bonheur des Français avec une sensibilité digne de toute leur reconnaissance. Le peuple le bénissait comme son sauveur : mais {ous ceuxque les abus alimentent se liguèrent contre un hommequi semblait vouloir leur ravir leur proie. Nouslui devons , sur les administrations provinciales, des essais heureux, qui prou--