Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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vemens , et fléaux de toutes ses pensées. Enfin, elle fut appelée au tribunal révolutionnaire. On n’avait point cru qu’elle répondit à de tels juges. Royalistes et jacobins supposaient que sa fierté ne se soumettrait jamais au rôle d’une accusée vulgaire. Peut-être se crut-elle enchaînée par l'exemple de son mari; peut-être pensa-t-elle qu’elle affaiblirait dans les cœurs le respect d’une si belle mort en cherchant à donner un autre genre d'éclat et de courage à la sienne. MarieAntoinette d'Autriche répondit aux jurés du tribunal révolutionnaire, et défendit ses jours : elle était encore mère. Son acte d'accusation était déjà un arrêt de mort. Tous les prétendus crimes pour lesquels on avait condamné Louis, on ne les imputait plus qu’à sa veuve. Les griefs étaient les mêmes sur tous les points. Les atteintes qui lui étaient personnelles étaient des outrages à ses mœurs ; des outrages!.….…. Je serai bientôt forcé de dire quelle en était la nature. Le tribunal révolutionnaire, dans ce procès, ne se bornaït pas à menacer une seule tête. Rien de plus révoltant que le choix des témoins qui furent appelés : d’un côté les plus affreux suppôts de la tyrannie, et de l’autre ceux qu’elle avait déjà proscrits, etqui attendaient dans les cachots l'heure du sacrifice. On disait à ceux-ci : Voyez cette femmecoupable;vous ne fûtes tous , sous différens noms, sous des couleurs différentes, que ses instrumens, ses complices : révélez tous ses crimes, si vous voulez faire oublier les vôtres. Parmi ces témoins condamnés étaient deux députés de la convention, Manuel et Valazé. Le tribunal, aussi terrible envers eux qu’envers l'illustre accusée, semblait leur dire : Elle ne fait que vous

récéder à l’échafaud. Ils ne voulurent ni l’un ni l’autre attester leur républicanisme par la calomnie. Valazé parla d’un fait peu important.

On voulait qu’à son tour Marie-Antoinette fût accusatrice. On l'avait mise en présence de Bailly. On supposait qu’elle était implacable dans ses ressentimens contre les premiers constitutionnels. Mais la reine interrogée si Lafayette et Bailly n'étaient pas instruits du complot de la fuite de Varennes, le nia constamment.

Latour-Dupin , qui avait été ministre de la guerre pendant l'assemblée constituante, fut appelé comme témoin. À ces mots : Connaissez-vous l'accusée ? il s’inclina profondément devant elle, pénétré de respect et de douleur.—4} ! oui, ai l'honneur de connaître madame !

L'un des héros de la dernière guerre maritime, d'Estaing, fut aussi appelé. Sa déclaration commencait par ces mots : J'ai à me plaindre de'Paccusée, mais je n’en dois pas moins dire la vérité, Je ne sais aucun fait relatif à l'acte d'accusation,