Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

510 CONVENTION

Cette victoire rendit aux Véndéens tous les partisans qu'ils avaient dans la Bretagne. Mais, s’éloignant à regret des lieux où ils eussent pu attendre la flotte anglaise , ils marchaient à l'aventure. Après différens circuits, ils se trouvèrent rapprochés de leur terre natale, Hs firent une entreprise sur la ville d'Angers, qui déjà une fois avait été en leur puissance. [ls succombèrent, quoique Rossignol défendît cette ville. {ls n’osèrent, ou ils ne purent.se reporter sur la rive gauche de la Loire, Cetté armée offrait un tableau déplorable. Plusieurs milliers de femmes, d’enfans, de vieillards, de nialades, marchaient à sa suite, étaient entraînés , harassés , expirans à la suite de ces courses ra Pides. Les combattans séntaient leur cœur brisé à l'aspect de tant d’objets de compassion qu’ils frémissaient d’abandonner. C'était à leurs yeux une conquête d'un grand prix que celle d'une ville qui pouvait leur procurer quelques jours de subsistance. La faim leur faisait quitter des positious inexpugnables; la faim les faisait entrer dans le pays découvert, où tout était danger pour eux, Hss’'emparèrent de la Flèche ; ils entrèrent dans la ville du Mans. Leurs chefs les plus éclairés les conjuraient: d’en sortir; ils n’osaïent en donner l'ordre. Tous ces malheureux goûtaient avec ravissement un jour de repos, Westerman s'occupa de les surprendre dans le calme momentané auquel ils s’abandounaient. De tous les généraux républicains, c'était celui que les Vendéens redoutaient le plus. Il avait cependant éprouvé deux défaites, l'une à Châtillon, l’autre à Dol.

Le 22 frimaire an 2{ on commencait à se servir du nouveau calendrier), les Vendéens sont attaqués sur plusieurs points dans la ville du Mans, où ils étaient retranchés. Ils combattent avec furie ; ils sentent que toute retraite leur est fermée. Ils repoussent leurs ennemis, dont l’avant-garde est obligée de se replier sur le corps d'armée. Westerman allait abandonner son entreprise, lorsqu'une colonne assez forte de nouvelles troupes arrive, et demande ellemême à recommencer le combat. Il s'engage auprès du pont, que les Vendéens avaient soutenu par une redoute, La baonnette devient presque la seule arme entre les com battans. La redoute est emportée ; les Vendéens abandonnent le pont; ils se défendent dans la ville ; ils font feu dans les rues ; ils font feu des fenêtres et des toits. Les républicains sont arrêtés par dés monceaux de cadavres. Bientôt la mort entre dans toutes les maisons. Les êtres désarmés subissent le même sort que ceux dont les armes sont teintes de sang. Il n’y eut jamais ni une plus complète