Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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ni une plus horrible victoire. Deux ou trois mille Vendéens parviennent seuls à s'échapper , et tous suivent des routes diverses. Ils ont perdu leurs plus valeureuxçapitaines. Leurs pères , leurs épouses , leurs enfans eut été égorgés sous leurs yeux.

Des débris de cette armée naquit le fléau le plus affreux, le plus long qui ait désolé la république , 4 chouannerie. Les départemens qui composent l’ancienne Bretagne et la partie la plus considérable de la Normandie en furent infectés. La chouannerie est un genre de guerre où tout se passe en embuscade , où l'ennemi est frappé avant d’avoir pu songer à se défendre, où l’homicide n’est plus dissimulé par aucun genre de gloire, image terrible des combats que se livrent les peuplades sauvages. Ah ! de l’autre côté nous retrouvons plus encore, les mœurs des cannibales; et cette expression est faible , ear c’est calomnier l’homme sauvage que de l’imaginer capable d’un tel raffinement d'horreurs, d’une telle jouissance dans les barbaries. Je prie qu’on se souvienne que Paris avait vomi de son sein la plus infâme population pour la porter contre la Vendée. Nos soldats nommaient par dérision cette troupe de lâches es héros de cing cents livres. Ils causaient toutes les défaites; mais ils souillèrent toutes les victoires. Ce furent eux... Que dirai-je? L'histoire forcet-elle à répéter des détails aussi révoltans ? Ce furent eux qui imaginèrent de porter comme des cocardes les oreilles de leurs ennemis égorgés. Ge furent eux qui profanèrent le corps déjà glacé des femmes... :

Carrier était à Nantes. Biilaud - Varennes l'avait choisi entre tous les exterminateurs qui s’offraient à lui. Royalistes, fédéralistes, tout fut la proie de ce monstre. Il fit entrer ses colonnes dans les villages où les Vendéens n’avaient laissé que les êtres faibles et infirmes qui ne pouvaient les suivre. Vieillards, femmes, enfans encore loin de l'adolescence, tout fut arraché, tout périt. Qui ne sait quel supplice il inventa pour eux? Il feignit de les faire transférer d’une prison à une autre; il les faisait lier, illes faisait jeter dans des bateaux à soupape. Enfin, le moyen que Néron imagina pour dérober, s’il le pouvait, son parricide à l'univers, fut employé par Carrier pour donner plus de publicité à ses innombrables crimes, pour attacher sur eux les regards de l'univers, et pour les distinguer de la foule des massacres que commettaient alors ses odieux émules. Cessons de parler de ce Carrier : différons-le du moins jusqu’au jour de la vengeance. Beauchamp, d'Elbée, Laroche-Jacquelin, Talmont, n'étaient plus. Ces hommes , et plusieurs de leurs compagnons