Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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rencontrèrent d’abord que peu d’obstacles au moment de la sortie; mais bientôt de nombreux corps de cavalerie se mettent à leur poursuite. Leur retraite n’est bientôt plus qu’une fuite désordonnée. Ils se dispersent , ils se jettent dans les bois les plus sombres. Vain asile! les fugitifs entendent de tous côtés des tocsins qui se répondent, et qui sonnent pour eux Vheure de la mort. De barbares paysans, armés de fourches, ceignent les issues de la forêt, attendent, égorgent ces malheureux, qui tombent à leurs pieds, vaincus par la fatigue et par le désespoir. Une des deux colonnes , commandée par Vex-constituant Virieu, fut entièrement détruite. De celle que commandait Précy,il n’échappa que cinquante ousoixante individus, qui arrivèrent en Suisse avec leur général.
Le 9 octobre, tandis qu’on massacrait les Lyonnais fugitifs, Lyon ouvrait ses portes aux commissaires de la convention. J’ai pu décrire ou rappeler les horreurs du siége et du bombardement de Lyon, maïs jamais je ne pourrai peindre toutes les atrocités qui suivirent la victoire. Non, non, sans doute, les souvenirs historiques que je viens de réveiller ne composent point nne histoire. Je ne sais point faire connaître VPinstinct de la scélératesse dans toute sa profondeur; je ne puis suivre un Collot-d'Herbois dans toutes ses inventions, dans toutes ses jouissances de supplices : quand de tels tableaux viennent s'offrir à moi, l'horreur dont je suis saisi arrête mes expressions ou les rend vagues. Le crime n’est qu’indiqué, la victime n’est qu’entrevue; je m'irrite de ma faiblesse, et je crains d’avoir affaibli dans les ames un sentiment préservateur des sociétés, l’indignation. Ge n’est pas cependant que je me représente l’histoire comme devant. être le procèsverbal horriblement et froidement exact de tant d’assassinats, de tant de massacres; mais puisqu'elle est une sévère, une terrible étude du cœur humain, elle ne doit pas plus dissimuler la perversité que la générosité dont il est capable. Son exactitude à peindre les grandes calamités doit servir au moins à tenir les peuples dans l’effroi des révolutions.
Sur les ruines de cette infäme cité ( ainsi parla Barrère au nom du comité de salut public, en annonçant à la convention que Lyon était soumis ), à sera élevé un monument qui fera l'honneur de la convention, et qui portera pour insCription ce mot qui dit tout : LYON FIT LA GUERRE A LA LIBERTÉ y Lyox N’EST PLUS.
Le nom de Lyon fut supprimé par un décret. On lappela Commune-Affranchie. Une commission, de cinq membres y fut établie pour juger militairement les contre-révolutionaires ; on forma un comité de séquestre pour s'emparer des biens de tous les propriétaires et commercans, et un comité
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