Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
122 CONVENTION
de démolition pour faire abattre leurs maisons. Voici de quelle manière Couthon faisait procéder à cette démolition. On le portait dans la place de Bellecourt, si célèbre en Europe par la beauté et la somptuosité desesbâtimens. L’odieux paralytique parcourait successivement toutes les maisons, les frappait d’un petit marteau d'argent, et prononcçait ces paroles, dont à peine on peut concevoir la démence : Maison rebelle , je te frappe au nom de la loi. Aussitôt accouraient des ouvriers de destruction. Ces démolitions coûtèrént des sommes plus considérables qu’il n’en eût fallu pour ériger un monument utile à toute la France.
Bientôt des torrens de sang sont versés sur cet horrible amas de décombres. Collot-d’Herboiïs était animé à la perte des Lyonnais par une haîne personnelle. Comparez la cause de son ressentiment à sa vengeance. Il avait paru dix ans auparavant dans ceite ville, et il y avait subi les humiliations qui sont le partage d’un comédien méprisé tout-à-la-fois pour les défauts de sa manière théâtrale, pour sa présomption et pour l'infamie de ses mœurs. La révolution permettait alors à l’un des dominateurs de la convention et de la France de laver dans le sang les vieilles injures du comédin de province. Il appelle à Lyon une colonie toute entière de brigands, d’assassins, et à leur tête un détachement de l’armée révolutionnaire de Paris. 11 fait des prisons de tous les lieux qui peuvent répandre une vaste infection ; il y entasse par milliers des victimes de tout âge. Prêt à commencer ses massacres , il ordonne une fête, c’est l’apothéose de Challier. Il y paraît comme le sacrificatenr de ce monstre divinisé. Le tigre pleure: Chaque goutte du sang de Challier, dit-il, retombe surmon cœur. « Giorieux martyr de la liberté, ajoute » un autre comédien { d'Orfeuille, compagnon de Collot» d'Herbois), c’est du sang que nous devons à tes mânes; » l’autel que nous véleyons va bientôt recevoir des libations » de sang, » Des licteurs sont répandus sur toute la place pour arrêter ceux qui n’ont pas répondu par des larmes feintes aux larmes féroces de Collot-d'Herbois. Une guillo+ine ambulante suivait cette marche de cannibales.
La commission temporaire siégeait, jugeait, égorgeait jour et nuit. Nous expirons de fatigue, disaient cinq jugesetle bourreau à Collot-d'Herbois. « Républicains, leur répondait-il, » l'excès de vos travaux n’est pas à comparer à mes veilles. Brû» lez du même feu que moi pour lapatrie, et vous recrouvrerez » de nouvelles forces. » Tout ce qui restait { pourrais“je dire de libre?) à Lyon était forcé d'assister aux exécutions. Une troupe était payée pour élancer vers le ‘ciel mille cris de vive In république ! Quand la victime était frappée, ceux qui.