Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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armée de quinze mille hommes, qui pouvait menacer l’ancienne Provence d’excursions dangereuses, et se faire de nouveaux partisans de tant ‘d'hommes animés à la vengeance. Toulon avait été l’objet des soins constans et de la vigilance de Louis XIV et de ses successeurs. Les Anglais, qui en étaient maîtres depuis quatre mois, avaient, par de grands travaux et de grandes dépenses, réparé et étendu les fortifications de cette place. Ils avaient établi des redoutes sur les montagnes qui dominent quelques-uns des forts. Cependant il régnait peu d'intelligence parmi les alliés; l’orgueil des Espagnols et celui des Anglais élevaient à chaque instant de nouvelles disputes, qu'animait encore la rivalité d'intérêts entre les deux nations. Les Espagnols et les Anglais avaient un commun mépris pour six mille Napolitains, bien équipés, mais soldats indolens. Nos troupes avaient à leur tête un homme qui joignait à l’intrépidité le coup-d’œil militaire le plus prompt et le plus sûr : c'était Dugommier. Aimé des soldats, il savait leur communiquer l’ardeur qui supplée à l'expérience; il les soumettait à la discipline. Le commandement de lartillerie était confié à un jeune homme de vingttrois ans, Bonaparte.
On avait vaincu tous les obstacies des lieux et de la saison pour amener la plus redoutable artillerie à l’armée qui allait faire le siége de Toulon. Elle s’avanca. Les alliés surent mal conserver l'avantage des défilés où ils pouvaient attendre les Français. Le 26 novembre, une action s’engagea. Le général O-Harra fut enveloppé à la suite d’une sortie qu’il avait tentée. Dugommier l'avait laissé pénétrer assez avant, et semblait soutenir ses efforts avec désordre. Il n’échappa qu’une faible partie du détachement qu’il commandait; tout le reste fut tué ou fait prisonnier.
On ne laissa plus de relâche aux assiégés. Ils se demandaient avec étonnement de quelle espèce étaient leurs ennemis ; ils ne leur voyaient point développer les moyens ordinaires d’un siége, point de tranchée ouverte. Leur artillerie faisait le feu le plus formidable; leur infanterie s’avançait presque toujours la baïonnette à la main. Ce fut ainsi qu’ils s’emparèrent des principales redoutes. Bientôt leurs batteries furent disposées de manière à menacer la ville d’un embrasement. Quatre jours et quatre nuits ne furent qu'un combat perpétuel, qu’une victoire pour les Français. Les assiégés abandonnèrent avec précipitation deux forts qu’ils avaient cru pouvoir défendre long-temps, ceux de la Malque et de Malbosquet. Oh! quelle terreur vint glacer les habitans de Toulon , alors que les Anglais, vaincus, désespérés se dispo sèrent à en sortir! Tout courait, s’élancçait avec eux sur le
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