Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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salut publie, Il lui demandait la confidence de toutes ses pensées, de tous ses efforts ; C'était les anéantir. Dans tous leurs entretiens, Robespierre se montrait aussi irrité que Danton de tant de cruautés auxquelles on le forçait de concourir, « Ma popularité est immense, lui disait-il, et ma Puissance » n’est rien. On attache mon nom à tous les massacres, afin » de me désigner moi et toujours moi à tous les Poignards, » Les jacobins m’honorent, mais c’est l’obscène Hébert qu'ils » craignent et qu'ils suivent. Jetiens monindignation captive, » et c’est à toi que je la confie. Robespierre et Danton réunis * pourront bien briser le joug de l’odieuse commune. L’anar» chie qu’elle dirige a son principe dans les lois révolution= » naires, dont elle usurpe toute l'exécution. En conservant » ces lois, prenons nos mesures pour que leur action n’ap» partienne qu’à nous, et n’aille pas au-delà de ce que notre » sûreté nous prescrit. »
Ge fut par de telles ouvertures que Robespierre subjugua un homme à qui son expérience révolutionnaire ‘eût-dû appendre qu’il n’y avait plus pour lui d'existence qu’en soulevant 4 Montagne contre la tyrannie du comité de salut public et de Robespierre lui-même. ;
La première chose dont ils convinrent fut de proposer ün comité de clémence. Ce qui doit peindre toutes les misèrés et tout l’avilissement du crime, c’est que Robespierre fut Sans cesse obsédé par cette idée de clémence qui lui était présentée, non par son cœur; mais par sa politique, et que le lâche tyran n’osa qu'une fois en balbutier le mot à la tribune de la convention > pour le rétracter dès le lendemain.
Danton avait un élève, un ami dont le talent et la verve originale lui paraissaient propres à réconcilier les jacobins et la montagne avec des Propositions de clémence. C'était Camille Desmoulins, homme qui, par des écrits toujours brülans de sédition, toujours animés d’une gaîté féroce , avait long-temps outragé l’humanité, et qui va s’en rendre un des plus généreux martyrs. Tout avait contribué à Ja rappeler à son cœur, mais sur-tout une femme jeune et jolie, qui lui demandait des mouvemens de pilié comme des gages d'amour. Il écrivit ; et si la cause de tant de milliers de malheureux ne fut pas défendue avec ce respect que le malheur commande , la faute en était aux hommes qu’il s'agissait d'émouvoir, et qu'on pouvait plus aisément amener à un dédain tranquille qu’à de la compassion pour leurs victimes. Ce nouvel intercesseur s'était couvert d’un titre qui appelait l'effroi : Le vieux Cordelier. On peut voir, par les vaines et tristes précautions auxquelles il eut recours, combien, en cherchant dans le cœur de ses terribles collégues quelque
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