Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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discours : « Les comités du gouvernement sont forcés, leurs » membres dispersés ; les rebelles sont en force. La chose pu» blique est perdue : il ne nous reste plus qu’à mourir sur nos » chaires curuies : jurons tous d'y mourir sans lâcheté. » Le serment était beau dans cette occasion; maïs ce ton d’abattement n'annonçait pas que Collot-d’Herbois fût aussi tranquille dans un combat que dans un massacre. Le serment se prêtes il est accompagné de mille cris de vive La république !

Cependant Tallien, Fréron, Barras, Legendre, veulent d’autres mesures. Rendons grâces à la destinée, s'écrie un d'eux; j'aime mieux Robespierre révolté que Robespierre soumis. [Leüt fallu attendre son jugement ; il est porté : mettons Robespierre hors la loi. L'assemblée met hors la loi Robespierre, ses coaccusés, Henriotet lacommune.Barras est nommé commandant de la force armée. En acceptant, je jure, dit-il, de revenir vainqueur. On nomme des commissaires chargés d'armer les sections. Parmi eux se trouvaient Bourdon de YOise, Rovère, Ferraud.

Ils s’acquittèrent de leur mission avec suceès. Le bruit de la générale appelait les citoyens de Paris à la convention ; le tocsin les appelait à la commune ; mais ce n’était plus ce concours d'hommes habitués à se méler à tous les mouvemens populaires. Paris, dépeuplé, inanimé , semblait plutôt fournir un champ de combat que des combattans. Ge-

endant, à l’approche de Ja nuit, quand les événemens du jour furent connus , plusieurs proscrits, frappés d’un nouveau rayon d'espoir, sortirent des retraites où depuis un an leurs amis les cachaient. Ils couraient dans les sections, dont la veille ils n’eussent pas touché le seuil sans être sûrs de la mort. Ils y entraînaient avec eux tous ceux qu'ils avaient entendus quelquefois gémir et s’indigner. Leur présence, leurs discours rompirent les mesures des membres des comités révolutionnaires. Ceux-ci étaient tenus captifs ; ils étaient menacés ; ils frémissaient en vain. Lorsque, dans la nuit, les sections virent arriver les commissaires de la convention , elles les accueillirent avec transport. Tout s'ébranlait enfin des différens points de Paris. Barras ne jugea point qu'il dût attendre tous les secours qui Jui étaient promis, Il ne voulut point perdre l'avantage d’oser le premier contre des hommes à qui on avait toujours laissé l’attaqne. Dès qu’il eut rassemblé quatre ou cinq bataillons sectionnaires : Mes amis , leur dit-il, /a convention veut vous récompenser d'étre accourus les premiers ; c'est vous qui lui amenerez le tyran. On applaudit ; on marche. Je dois dire ici que les bataillons qui recevaient un tel prix de leur diligence étaient en général composés d'ouvriers , d'hommes