Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

NATIONALE, ATE

présentés comme des attentats contre le peuple : elle fit plus, elle s'engagea dans des promesses, équivoques à la vérité, mais qui n’en étaient que plus basses. On croirait d’abord qu'une telle conduite, lui fut dictée par la peur, dont elle avait si souvent subi la loi; mais elle était trop près d’une victoire; elle avait trop de facilités à en remporter une seconde , si elle ensageait le combat ,: pour supposer qu'elle fût éponvantée ; elle châtiait avec peiue un parti qu'elle regardait encore comme populaire ;,elle le voyait poursuivi dans le Midi par des fureurs effrénées ; elle n'avait nulle foi dans les jeunes gens .irrités qu’elle appelait à sa défense ; elle eût voulu rester toujours arbitre entre ces deux partis irréconciliables ; elle craignaïit d'être dominée ; elle craignait de trop vaincre.

Cette politique la fit rentrer dans un nouveau danger. Les rebelles s’enhardirent ; ils ne quittèrent plus les armes. Le 3 prairial , une cominission militaire avait jugé et condamné à mort l’assassin de Ferraud. Il avait été arrêté tandis qu’il promenait dans Paris cette tête sanglante. Il approchait du lieu du supplice; un rassemblement nombreux , sorti du faubourg Saint-Antoine , vint l'enlever. La convention prévit. une nouvelle attaque , et se détermina à la prévenir : elle ordonna que, dès le lendemain , le faubourg Saint-Antoine serait désarmé. Impatiens de participer à cette mesure, d’où dépendait le repos de Paris et de la France, plusieurs jeunes gens avaient passé la nuit sous les armes auprès de la convention. Le jour paraissait à peine, qu'ils demandèrent à marcher vers le foyer de la sédition. On céda à leur empressement , quoiqu’ils fussent encore peu nombreux, et quoiqu’on fût sûr d’avoir bientôt des forces plus imtposantes. :

Les habitans du faubourg révolté parurent recevoir avec surprise , avec épouvante, la visite de ceite colonne. Ils la laissèrent s'engager fort avant , et faire un vain trophée des piques et des fusils qu’elle enlevait de tous côtés ; mais ils se réunissaient, ils marchaient en silence, ils s’occupaient à fermer toute issue aux téméraires, jeunes gens. Bientôt ceux-ci furent entourés; à chaque issue qu'ils tentaient; des canons, une forêt de piques leur fermaient le passage. Du haut des fenêtres , des femmes et des enfans paraissaient disposés à lancer sur leurs têtes tout ce que Ja fureur mettait entre leurs mains. Il était au pouvoir des habitans du faubourg de se souiller du massacre des jeunes gens les plus distingués de la capitale. Ceux-ci eussent défendu leurs jours sans doute; mais le plus grand. nombre eût péri dans une position que des militaires eux-mêmes