Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
co CONVENTION
après leur défaite. Les derniers chefs de cette guerre malheureuse s'étaient soumis, du moins en apparence. Le gouvernement anglais voulut leur faire reprendre les armes qu'ils avaient quittées. Il forma plusieurs régimens d’émigrés français. [l placa parmi eux, et mit à leur tête les officiers les plus distingués de notre ancienne marine, de la marine qui, dans la guerre d'Amérique , s'était rendue souvent rédoutable à la nation qui veut la domination des mers. Comme l’événement de Quiberon ne peut s'expliquer sans quelques détails sur le caractère et les intentions des ministres anglais, j'ai cru devoir réserver cette relation pour le tableau. de l'état de l'Europe pendant la convention. Je me contenterai de dire ici que les émigrés français débarqués à Quiberon s’emparèrent d’un fort où ils furent bientôt assiégés; que l'assaut le plus vif leur fut donné : que les Anglais contemplèrent de leurs vaisseaux ce combat, auquel ils ne prirent point de part ; que Sombreuil, en rendant le fort, crut avoir obtenu la vie de ses infortunés compagnons en se dévouant au supplice, comme leur chef. Jamais il ne s'était présenté une occasion où la clémence fût plus sollicitée par la pitié. La première victime qu'on avait à frapper était le frère de Mle Sombreuil. L'honneur anglais venait de recevoir une tache éternelle; le caractère francais eût dû reprendre sa supériorité : nous n'avions plus qu'un petit nombre de marins; il s'agissait de détruire ou de conserver ceux qui avaient fait l'honneur de notre ancienne marine. On se hâta de leur appliquer une loi impitoyable ; ils furent fusillés ; et Tallien, l'homme qui, depuis le 9 thermidor, commençait avec gloire une vie nouvelle, présida à cette exécution.
À cette nouvelle, la reconnaissance pour les auteurs du g thermidor se changea en un sentiment de crainte et de défiance. Les jeunes gens n'étaient plus regardés par la convention que comme une milice importune, anarchique. Quoiqu’ils donnassent mille signes de légéreté, d'imprévoyance ,. ils étaient traités en conspirateurs. La convention avait pu cependant s'assurer de leur soumission par un sacrifice dont elle seule avait compris toute l'importance. Après le r4 juillet, il avait été fait une distribution imprudente de canons aux quarante - huit sections de Paris. Chacune en possédait deux. On venait d’éprouver, dans les événemens récens, que la plupart des canonniers étaient attachés au parti des jacobins. La convention n'eut pas de peine à persnader aux jeunes gens que le meilleur moyen de se débarrasser de leurs canonniers , était de les priver de leurs canons. [ls vinrent en faire hommage à l'assemblée, peu de jours après le 5 prairial.