Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3
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plus funeste de ses lois, celle des suspects, en lui donnant une application nouvelle, c’est-à-dire, contre ceux qui avaient été les détestables exécuteurs de la première. Elle ordonna le désarmement de plusieurs milliers d'hommes redontables. De nouveaux commissaires parcouraient les départemens, accüeillaient les dénonciations contre les dénonciateurs. Plusieurs de ceux- ei sortirent des départemens où ils avaient été ministres de la terreur. pour se rendre ailleurs ministres de la vengeance. La haîne prodigua sans mesure les noms de jacobin et de terroriste, et la haîne égorgea souvent ceux qu’elle avait frappés de ce nom. Toulon, depuis son désastre , avait reçu une population nouvelle, qui resta long-temps la colonie la plus fidèle des jacobins. TouJon avait pris les armes dans le même temps, et dans des intentions plus odieuses que le faubourg Saint-Antoine. Les jeunes gens de Marseille et des villes voisines marchèrent avec ardeur contre les nouveaux brigands qui dévastaient le Midi. D'abord ils manquaient d'armes pour aller les combattre; un commissaire de la convention leur adressa ces paroles d’une: énergie effrayante : Prenez, prenez les ossemens de vos pères pour marcher contre leurs assassins. Le feu de la révolte fut étouffé à Toulon : mais des attentats semblables à ceux de Lyon souillèrent ses succès. Le fort Saint-Jean de Marseille fut cerné, et ce fut la quatrième Glacière d'Avignon. Les ennemis extérieurs s’applaudirent de voir l'anarchie renaître sous de nouvelles formes, et la favorisèrent. On a prétendu que des agens de contre-révolution excitaient aux assassinats par des salaires, et même par des honneurs.
Dans ce trouble, la classe des hommes qui sauve et fait prospérer les empires, celle des hommes qui peuvent faire aux lois et à l'amour de l’ordre le sacrifice de leurs plus justes ressentimens, cette classe se ressera : les deux partis extrêmes s’étendirent. La convention, indignée et inquiète pour elle-même, cherchait en vain sa force au milieu de tout son despotisme : quelques-uns de ses membres, d’un esprit ombrageux, d’un caractère turbulent, provoquaient en elle un lâche repentir de tont ce qu’elle avait fait de bien; et au lieu de lui dire : Vous avez des hommes vindicatifs à surveiller, des assassins salariés à punir, ils lui disaient : Vous avez toujours des royalistes à étouffer.
Mais, dans ce temps, le gouvernement anglais menacait nos côtes d’un armement redoutable. Les royalistes vendéens, lorsqu'ils étaient vainqueurs, avaient en vain espéré d’être sécondés par la flotte anglaise ; elle ne s’approchait que pour exciter leur audace à quelque grande entreprise, dont elle leur laissait tout le soin et le danger : elle se retirait