Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 33

ils rappellent dans leurs foyers ceux qui dvaiént redouté leur approche. ; |

L'armée des Pyrénées-occidentales poursuit, de son côté, ses conquêtes ; elle s'empare de Bilbao ; une partie de la province de Biscaye est soumise. On s'approche de Pampelune : si cette ville est prise, le chemin est ouvert jusqu’à Madrid. L'Espagne va-t-elle subir lé sort de la Hollande? Un autre trône des Bourbons va-t-il s’écroulèer ? Lé gouvernement francais, c'est-à-dire lé comité de salut publie de la convention , renouvelé par le g thermidor , füt le ‘premier à parler de paix à l'Espagne. Son ambition était vaste, mais n’était pourtant point illimitée. Il suivait avec constance un but principal, celui de tourner toutes ses forces contre l'Autriche. D'ailleurs, malgré l'éclat des victoires remportées , la conquête de toutes les Espagnes frappait encore l'imagination comme un projet gigantesque : on ne pouvait se flatter d'y créer tout-à-coup un parti qui se rendît, comme en Hollande, l'allié des conquérans. Plusieurs villes fortes restaiént encore à assiéger, et les Espagnols avaient montré beaucoup de constance dans la

lupart des siégés qu'ils avaient soutenus. Mille dangers attendaient les armées françaises dans des provinces peu fertiles et mal cultivées qu’elles auraient à traverser. Enfin les généraux ne cessaient de rendre justice à la valeur des soldats espagnols; et cétté valeur, irritée par le désespoir, exaltée par tous lés sentimens religieux, pouvait énfanter des prodiges. Ce fut d’après ce motif que le gouvernement français chargea Bourgoing, qui avait été ambassadeur en Espagne, d'écrire à MM. d’Ocarits et d’Yriarte des lettres qui pussent inviter à une négociation si salutaire pour l'Espagne. Le cabinet de Madrid réçut ces ouvertures avec le flegme national. Lé duc d’Alcudia, dans cette occasion, parut soutenir avec vigueur la monarchie ébranlée. Il méêla de grands mouvemens d'armes aux négociations qui allaient s'ouvrir. Ce fut peut-être pour dissimuler un besoin de la paix, dont l'avéu coûte toujours cher aux vaineus, qu'il suivit un mode de négociation dont l'effet devait être lent.

Le traité qui venait d’être conclu à Bâle, éntre la république française et le roi de Prusse, avait ajouté de nouveaux titres à la considération dont Barthélemy, alors ambassadeur auprès des Treize-Cantons , jouissait dans les cabinets étrangers. Ce fut à lui que le gouvernement espagnol résolut de s'adresser. M. d’Yriarte, qu'il voulait charger de ses pouvoirs , avait avec lui des relations d'amitié. Mais on ignorait à Madrid dans quelle cour s'était réfugié

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