Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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sagesse. Voyons comment le directoire en profita. Il Jui restait de grandes dépenses à soutenir , et il avait à créer la plupart de ses ressources. La convention avait aboli par le fait les contributions ; les assignats les avaient rendues presque nulles. Semblable en cela, comme en plusieurs autres points, au gouvernement despotique, le gou-vernement populaire levait des tributs légers, et n’employait que des consfiscations pour fournir à ses vastes projets de conquête et à ses prodigalités. Le peuple de Paris avait été sur-tout l’objet des largesses de la convention. Ses subsistances étaient payées aux dépens de la France entière. La convention s'était imposé l'énorme fardeau, que le directoire supporta encore quelque temps, de fournir à chaque individu de la capitale une livre de pain par jour, au prix de 3 sous en assignais, et cela lorsque cette somme n'avait aucune espèce de valeur. Une disette, supportée par Paris et par la France, avait été le prix de ce pusillanime engagement. Le directoire voulut le rompre. L’un de ses ministres, Bénezech , concut la pensée saine et courageuse de laisser la capitale assurer et payer ses approvisionnecmens , en se réservant seulement de les faciliter et de les surveiller, La récolte était bonne, la disette s’éloigna, et le directoire fut soulagé d'une dépense qui égalait presque l'entretien journalier de ses quatorze armées. On s'était affranchi, avec la même sévérité et avec le même succès, d'une autre dépense que la démagogie française avait empruntée de la démocratie athénienne: c'était un droit de présence de 5o sous par jour, accordé aux citoyens pauvres qui se ren: daient dans leurs sections. La convention avait encore pris un autre engagement beaucoup plus onéreux, mais fondé sur des motifs plus respectables ; elle avait promis un milliard aux défenseurs de la patrie. Le directoire ne cessa de renouveler cette promesse , dont l’accomplissement eût été impossible, même sous la plus sage administration.

Presque tout était dissipé de l'héritage laissé par les deux premières assemblées en biens ecclésiastiques. Il ne restait que les biens de même nature, conquis dans la Belgique ou sur la rive gauche du Rhin.

La précipitation qu’on mettait à les vendre en diminuaif beaucoup la valeur. On trouvait pen d’acquéreurs des biens de l'église chez le peuple belge , qui sortait à peiue d’ane longne guerre entreprise pour l'intérêt des moines. Les chances de la guerre effrayaient les spéculateurs. La fatale opération des mandats territoriaux diminua encore cette ressource , qui n'était pourtant pas totalement anéautie à la fin du règne du directoire.