Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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Jeur faveur la rigueur des lois égalait presque celui ‘des Francais. Plusieurs rentraient avec l'horreur des troubles É

civils, cherchaient à détruire dans le cœur des royalistes les vaines espérauces d'un secours étranger dont ils avaient connu l'illusion, et jouissaient en Français des victoires qui châtiaient des gouvernemens trompeurs. D’autres rapportaient en France les-ressources et l'audace d'hommes de parti plus aigris qu'abattus par le malheur. Au milieu des terreurs qu'excitaient ceux-ei, de l'intérêt qu'inspiraient ceux BR, la vente des biens des émigrés fut loin de répondre aux vues du directoire. #

Aux biens des émigrés la ‘convention avait joint ceux de leurs pères et mières restés en France, et la convention avait proclamé que les délits étaient personnels. Après le 9 thermidor , elle voulut adoucir une telle rigueur. On lui eprocha de consacrer üne peine injuste en parlant de la modifier. Elle n’avait pas encore pris une résolution défnitive à cet égard. Le directoire et le corps-législatif annoncèrent comme un bienfait une loi nouvelle qui levait le séquestre mis sur les biens des pères et mères d’émigrés, une loi qui mettait au rang des domaines-nationaux la por tion des biens que chacun de leurs enfans aurait eue à réclamer après leur.mort : ainsi la nation héritait d'hommes vivans. Leurs plaintes ne furent point amères ; ils :préféraient tout aux frais dévorans d’un séquestire.

La nation, en s’émparant de tous ces biens, avait contracté des engagemens onéreux. L'assemblée constituante avait assigné des pensions à chacun des ecclésiastiques dont elle avait saisi la propriété ‘usufruitière. La résistance d’une partie du clergé aux nouvelles institutions qu'on Jui présentait, l’émigration d’un grand nombre de prêtres , et depuis, des lois de déportation, des massacres, le renversement, le pillage et !la profanation de l'autel, tout avait servi de prétexte pour réduire, et presque pour effacer cette dette nationale. Le directoire, en maintenant les lois de proscription contre !les' prêtres insérmentés , n’accordait nulle fiveur aux autres. Le bizarre pontificat que l’un des directeurs, Laréveillère-Lepeaux , parvint à se créer dans la secte -des ‘théophilantropes., donna lieu à des persécutions nouvelles, dont la journée du 18 fructidor sur-tout fut le signal. Telles furent les rigueurs exercées contre toute espèce de prêtres, que leur ‘misère surpassa même celle des autres créanciers de l’état, dont voici le déplorable tableau.

La masse des dettes de l’état s'était accrue de celles du clergé, des émigrés, des -hospices et dés colléges, dont les biens avaient été aussi déclarés propriétés nationales.