Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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en firent l’entrepôt de leur commerce dans la Méditerranée. Bonaparte , dans cette circonstance , 0€ suivit encore que sa politique et ses principes particuliers. De tous les gouvernemens ennemis de la France, celui qu’il haïssait le plus, était le gouvernement anglais. C’était à la lueur de Toulon et de notre flotte embrasée que s'était formée chez lui cette haïîne. Il voulait, non imiter un tel désastre, mais du moins le venger dans Livourne sur les nombreux vaisseaux anglais que renfermait ce port. Sans nuire à l’ensemble de ses opérations militaires, il détache , sous le commandement du général Vaubois, une division habituée aux expéditions les plus rapides. Elle paraît s’avancer sur Pise, sur Florence. Le grand duc s’effraie, intercède ; mais déjà les Français suivaient la route de Livourne. Malgré un profond secret et beaucoup de célérité, les Anglais furent avertis du danger de leurs vaisseaux. Quarante bâtimens quittaient le port, lorsque les Français entrèrent dans Livourne. Bonaparte mit garnison dans cette ville; ce n’était qu’un faible prélude aux coups

u'il voulait porter aux Anglais dans la Méditerranée.

La coalition n’avait pas dédaigné les secours du duc de Parme : Bonaparte ne voulut point accabler un ennemi si peu redoutable; d’ailleurs sa soumission avait été prompte. Îl reçut les Français dans ses états sans paraître murmurer d’une hospitalité un peu onéreuse. Cette branche de la maison de Bourbon acquit, aux yeux de Bonaparte, dés titres de recommandation qui. devaient la faire bientôt passer sur un trône plus illustre. Le duc de Modène, le plus économe des princes de la maison d’Autriche, à l’approche de l’invasion française, trembla moins pour ses petits états que pour un trésor grossi par des épargnes sans doute un peu sordides, et qui s'élevait jusqu’à dix-huit millions. Il négocia avec tant d’habileté, que ses états furent conquis, et que la plus grande partie de son trésor fut sauvée.

La république de Venise, cette aristocratie robuste qui s'était maintenue au milieu de tant d'épreuves diverses, avait tout à craindre des principes de la révolution francaise. Placée si loin de nos limites, elle se rassurait encore moins sur sa position que sur les précautions d'une police qui cachait ses rigueurs sous la folie et la licence des plaisirs. Mais la sagesse de la république de Venise ne s’étendait guère au-delà de la capitale, dont le régime intérieur passa long-temps pour un chef-d'œuvre de politique. Elle gouvernait les provinces de la Terre-Ferme avec dureté, avec imprévoyance. Si elles avaient supporté ce

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