Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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moins affaiblie par trois défaites que par le départ de vingtcinq mille de ses meïlleurs combattans qui avaient suivi Wurmser en Italie, tint, sous la conduite de larchiduc Charles, une défensive habile et courageuse. Elle disputa toujours le terrain qu'elle était obligée de céder : résignée à des revers, elle savait s'affranchir de l’ignominie et des suites fatales d’une déroute. Pendant que son arrière-garde contenait encore, à la faveur de ses reilranchemens, l’avant-garde des Français, l’archidue Charles faisait élever ailleurs d’autres retranchemens pour le, combat du lendemain. Le général Wartensleben se défendait avec la même vigueur et la même prudence contre le général Jourdan. Bientôt l’archidue reçut des renforts, et il attendit le moment d’en profiter; il passait souvent de l’une à l’autre des armées autrichiennes pour connaître mieux les forces de Jourdan et de Moreau, résolu d’accabler celui dont la marche moins bien réglée lui offrirait plus d'avantages. Cependant Wurmser ne revenait point vers lui. D'un autre côté la coalition venait d’éprouver deux défections, que ses longs revers lui rendaient plus sensibles. Le duc de Würtemberg, le margrave de Bade et l'électeur de Bavière s'étaient trouvés heureux d’acheter la paix de la république française en se soumettant à de fortes contributions. Voici le moment où la fortune va se déclarer contre les Français en Allemagne. Il y eut des fautes commises. Le coupd'œil d’un militaire distingué pourrait seul les discerner avec justesse, encore faudrait-il qu'il s’exercât long-temps sur des renseignemens topographiques et sur des détails de guerre dans lesquels je ne pourrais m’engager sans imprudence. Je ferai seulement observer que de graves inconvéniens étaient attachés au vaste plan de campagne qui avait ouvert cette expédition, Le général Moreau, par les ordres qu'il avait recüs, se trouva perdre un des ævantages de sa position centrale. Une de ses divisions, commandée par le général Ferino , fit des efforts longs et infructueux pour s'ouvrir les passages du Tyrol. Le général Moreau , forcé de l’appuyer, appuyait moins le général Jourdan. Le premier marchait sur Munich, tandis que l’autre, maître de toute la Franconie, marchait sur Ratishbonne : c'était encore trop de distance pour pouvoir se concerter et se secourir avec promptitude. D’ailleurs les Autrichiens recueillaient les fruits de la retraite habile qu'ils avaient suivie devant les deux armées françaises. Ils n’avaient point encore engagé de bataille décisive.

Le 7 fructidor, l’archidue Charles se présente devant l’armée de Jourdan. Elle occupait un trop vaste terrain; sa droite, commandée par le général Bernadotte, était presque