Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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isolée, et pouvait l’être encore plus des autres corps. Elle est attaquée à Teming par des forces très-supérieures, On se bat pendant deux jours avec une égale fureur et avec des succès balancés. Bernadotte, qui ne peut plus tenir dans la plaine, se défend,sur la crête des rochers. Il est accablé par des forces qui s'accroissent saus cesse, et ne reçoit point tous les secours attendus. Après trois jours de bataille, il cède enfin; il se retire le long des rochers vers Bamberg. On dit que dans cette terrible action il périt près de vingt mille combattans des deux côtés. Toute l’armée de Jourdan se replie : elle expie alors les excès commis dans les campagnes allemandes; plus de salut pour les soldats qui s’écartent. Elle rejoignit la rive droite du Mein, dont elle se couvrit. L'archiduc Charles vint l’attaquer dans les environs de Wurtzhourg, et remporta une victoire complète. Les divisions françaises qui étaient campées sur les deux bords du Rhin se mirent en marche pour protéger la retraite du général Jourdan. Dans un des combats qu’elles soutinrent, le général Marceau perdit la vie. On se plaisait à comparer ses modestes vertus à celles des héros de l'antiquité. L'armée de Jourdan arriva à Dusseldorf.

La position de l’armée de Moreau dans de telles’ circonstances parut désespérée ; elle était découverte sur sa gauche

ar la disparition de l’armée de*Sambre et Meuse : tous 1 corps autrichiens répandus dans le ‘Tyrol allaient en descendre pour l’investir par sa droite. Devant elle , elle avait une armée sur laquelle, même dans le cours de ses conquêtes , elle n’avait pas remporté un avantage décisif. Elle n'avait plus de communication avec les corps qu’elle avait laissés sur la rive droite du Rhin pour défendre Kell et contenir Philisbourg. Elle ne comptait pas cinquante mille combattans : elle était enfermée par soixante mille Autrichiens. On espérait à peine revoir en France quelques débris d’une armée naguères si florissante. Jusque-là les Francais ne s'étaient pas encore bien guéris d’un préjugé qui offensait et qui bornait leur gloire militaire. Ils se croyaient incapables de résister aux revers, sur-tout lorsqu'ils n’avaient pas pour ranimer leur courage la vue de leur patrie. C'était vraiment un acte d’humilité nationale que d'avoir tant célébré la retraite de Prague , conduite par le maréchal de Belle-lsle , et dans laquelle il perdit plus des deux tiers de son armée. La retraite du général Moreau répandit un éclat plus légitime et plus durable sur les armes françaises. Elle dura vingt-sept jours , et ne fut accompagnée que de victoires. Il’ prit d’abord une position concentrée , qui parut d’une telle force aux Autrichiens, qu’ils