Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

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n'osèrent même tenter de ly attaquer. Il est digne de re. marque, que cette position est à peu de chose près celle où le général Mack, dans des jours d'une gloire si récente Pour nous, crut pouvoir se maintenir contre tous les efforts de la grande armée, et fat amené à. une si honteuse capitulation. En effet, le général Moreau était, comme lui, protégé par la rivière de l'Iller. Sa droite s’appuyait sur le lac de Constance, et sa gauche sur la ville et les hauteurs d’'Ulm. En quittant cette position, Moreau se porta sur Biberach. Il se voyait plus à découvert et serré de plus près. Les deux armées ennemies qui linquiétaient le plus , étaient celle du général Latour, qu’il avait devant lui, et celle du général Nauendorf, qui avec une extrême diligence se portait vers les défilés de la Forét-Noire pour les lui fermer. Il était perdu, si ces généraux, le resserant toujours, parvenaient à unir leurs mouvemens. Il faut vaincre Van des deux pour le repousser à une longue distance. Le général Moreau fond avec impétuosité sur le général Latour : il le déconcerte; il l’accable par des attaques combinées qu’exécutent avec succès les généraux Desaix et St-Cyr. Ce fut une journée d’ignominie pour les Autrichiens. Le général Latour ne fut redevable du salut d’une partie de son armée qu’au retard .de quelques ordres du général Moreau, et qu'au dévouement des émigrés français, qui couvrirent en foule de leurs corps un champ de bataille qu'eux seuls avaient disputé. Il s’enfait par Biberach vers lInn , laissant quatre mille prisonniers , la plus grande partie de son artillerie et de ses équipages à l’armée dont l’entière destruction était promise au cabinet de Vienne. À l’aide de quelques autres combats qui le dégagèrent également sur ses ailes, Moreau osa pénétrer dans la vallée d'enfer, nom qui caractérise l’effroi qu’elle inspire aux voyageurs, et que de grands militaires, le maréchal de Villars lui -même, ont confirmé, Toute l'armée , et, ce que l’on comprend moins encore, tous ses bagages y passent. Les plus grands obstacles étaient déjà franchis. Mais l'archidue Charles accourt avec des forces nouvelles : il s'indigne contre ses lieutenans , et se flatte encore de réparer leurs fautes. Il engage en peu de jours deux actions dont le but est de fermer aux Français la route d’Huningue. Sous ses ordres, le général Latour cherche à laver la honte de la journée de Biberach. Les émigrés français, qui se regardent depuis ce moment comme l'élite de armée autrichienne, s’acharnent contre leurs généreux compatriotes. Vains efforts ! l’armée française ne cède que les postes qui ne lui sont point nécessaires. Le général Ferino se maintient contre des forces triples des siennes, à Kau-