Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

INTRODUCTION. 3

la suprématie religieu e de son souverain, en est consolée un moment par une imitation grossière des formes de sa grande république. La Suisse défend sans succès sa liberté contre la révolution française, qui ne lui annonce que de l'anarchie.

Pendant ce choc universel, le destin des peuples change, mais non leur caractère. Le Francais, qui, pendant plusieurs années, a été emporté si loin de ses penchans, qui avait épouvanté l'univers de ses maux et de ses fureurs, saisit les premières lueurs d’un calme qui n’est pas encore établi,

our se livrer à toute sa légéreté. Il sait mieux, il est vrai, profiter de ses victoires ou réparer ses revers au dehors ; mais il se montre aussi inhabile qu’il le fut après tous ses états-généraux, après la Ligue, et même après la Fronde, à terminer ses troubles domestiques, à tirer parti de ses malheurs. La patience flexible du Hollandais se retrouve attestée par une révolution qu’il modère , n'ayant pu la détourner. Les Suisses décèlent d’abord l’altération que le temps et un dangereux voisinage ont apportée dans leurs mœurs austères et belliqueuses ; mais, tout vaincus qu’ils sont, ils reproduisent les traits des enfans de Guillaume Tell. Le cours de cette histoire nous offrira encore des vengeances napolitaines. Les armées allemandes, que nous verrons se mouvoir avec courage et constance, mais avec trop d’hésita: tion dans leur marche, rappellent celles qu’eurent à vaincre Turenne et Condé. L’Espagnol se montre fidèle aux mœurs qu'il a adoptées depuis que sa fierté n’est plus sollicitée par l'ambition de ses rois. De tous les traits de son caractère primitif, celui que l’Anglais retrace le mieux, c'est sa haîne invétérée pour les Français. Il ne jouit de son commerce, de sa domination maritime, de ses richesses et de toute l'influence politique qu’elles lui procurent, que pour irriter une nation rivale dans ses discordes, et pour l’affronter dans ses triomphes.

En énonçant ainsi ce qu’une histoire de l’époque où je suis arrivé devrait contenir, je condamne d'avance les aperçus faibles et trop rapides que je présenterai dans ce Précis. Ces révolutions épisodiques mériteraient toutes des développemens étendus, car ce sont de grandes nations

ui les ont subies. Mais mon objet principal est de montrer la révolution française qui domine sur toutes les autres, et un homme qui domine sur cette révolution.

Est-il temps d'offrir un essai historique, que les mémoires des hommes les plus importans, que les relations des différens partis n’ont pu encore suflisamment éclaicir ? Ilest peu de mes lecteurs qui ne soient prêts à me faire cette