Précis de l'histoire de la révolution française. T. 1-3

£ | INTRODUCTION.

objection. Maïs il faut bien que quelque chose précède une histoire qui sera un jour la plus grande source d'instruction pour les rois et pour les peuples. Les partis n’ont point encore parlé; parlons donc avant eux, si nous avons la conscience de quelque impartialité; décréditons d’avance les relations de la haîne , et celles même de la vanité. Faut-il se taire sur nos triomphes parce qu'ils se sont trouvés contemporains de nos jours de malheurs ? Maisil y a dans ces malheurs mêmes un souvenir salutaire,

Il s'élève une génération qui nous demande compte de tant d’événemens ou déplorables ou glorieux que nous avons vus, naura-t-on à lui montrer que des relations écrites dans le jour même de l’action, et que les archives volumineuses où sont confusément entassés les faits authentiques et les faits bientôt démentis, les détails les plus frivoles, à côté des plus grandes catastrophes ? Faut-il la laisser livrée à l'erreur de nos premières vengeances et de nos vieilles préventions ?

Je vais consacrer cette introduction à rappeler des évé-. nemens politiques et militaires qui eurent lieu sous le règne de la convention, et dont je n'aurais pu rendre compte sans perdre long-temps de vue les mouvemens de cette orageuse assemblée. Je décrirai en même temps la situation des principales puissances qui étaient entrées dans la coalition. Je ferai entrer dans ce tableau différens faits qui, placés ailleurs, détourneraient trop l'attention du grand événement que j'ai à retracer,

L'armée de Sambre et Meuse, sous le commandement du général Jourdan, avait profité avec ardeur de la victoirede Fleurus. Le prince de Cobourg avait dirigé sa retraite en. laissant à découvert la Belgique, qu’il avait reconquise avec tant de facilité, et les forteresses de la Flandre française, qu’il avait emportées après de si longs travaux, c’est-à-dire Valenciennes, Condé, le Quesnoy et Landrecie. Il se plaça à une longue distance de ces villes, dont les garnisons autrichiennes, abandonnées à elles-mêmes, capitulèrent plus tôt que les Français ne l’avaient espéré. Il renonça à toute communication avec les armées hollandaise et anglaise, qui, de leur côté, se retirèrent précipitamment de la Flandre maritime; en sorte que la seconde conquête de la Belgique ne fut pour les Français qu’une simple prise de possession. Le prince de Cobourg s'était flatté de pouvoir se maintenir sur la Meuse ; il s’était dirigé sur Liége. Derrière cette ville et sur les hauteurs de la Chartreuse, il avait fait élever des retranchemens presque aussi formidables que ceux par Jesquels il avait cru se rendre invincible dans la forêt de Mormal, On prit encore une fois le parti, non de forcer ces