Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

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rival, M. Hegewisch, qui a donné en allemand l'histoire du même empereur. C’est un beau su jet, qui offre le grand homme d’un siècle barbare à comparer avec le grand homme d’un siècle civilisé. M. Gaillard n’a pas été heureux dans toutes les parties de son ouvrage : il semble qu’une idée peu exacte de l’ancienne France aït produit ses principales fautes; il prend pour la France proprement dite l’ancienne Gaule, et voudroit que Charlemagne s’en füt contenté. Mais elle n’étoit, au contraire, qu'une acquisition des Francs : la France proprement dite, la véritable patrie de ce peuple, étoit une partie de la Belgique, et un vaste pays à la droite du Rhin, jusqu'au Mein. Les Saxons étoient limitrophes de cette véritable France: et, depuis le règne des descendans de Clovis, ils linfestoient par des excursions sans cesse renouvelées. C’est ce que Gaillard semble n'avoir pas aperçu; et comme dans tous ses ouvrages il a pour objet principal de s'élever contre la guerre et les conquêtes, et semble avoir conçu l'espérance d’amener par ses écrits la paix générale en Europe, il regarde Charlemagne comme un injusté agresseur des Saxons, ne voit en lui qu'un coupable ambitieux, et cherche à nous inspirer plus d'intérêt pour les vaincus que pour son héros. Mais il auroit dû reconnoître que Charlemagne