Rapport historique sur les progrès de l'histoire et de la littérature ancienne, depuis 1789 et sur leur état actuel, présenté à Sa Majesté l'Empereur et Roi, en son Conseil d'État, le 20 février 1808, par la classe d'histoire et de littérature ancienne de l'Institut

208 HISTOIRE ET LITTÉRATURE ANCIENNE.

fit Ja guerre aux Saxons pour protéger ses sujets, dont il ne pouvoit assurer le repos que par l'entière soumission de ce peuple féroce. Il est vraï qu'après avoir pardonné plusieurs fois aux vaincus, il finit par se montrer cruel : mais c'est qu'il n'étoit qu'un héros du vu. siècle; et Gaiïllard auroit dû le faire sentir, au lieu de prononcer qu'il fut moins grand que Witikind, comme s’il eût pu savoir ce qu’auroit fait ce chef tant de fois fugitif, s’il avoit été vainqueur.

A ces fautes, et à d’autres encore, se joignent les défauts ordinaires de l'auteur; narrations diffuses; peu de force d'expression ; des réflexions accumulées, répétées, et souvent si étendues qu'elles se changent en dissertations ; et au milieu de ces défauts, de longues suites de belles pages, qui prouvent que l'auteur étoit capable de faire beaucoup mieux, s’il s'étoit donné la peine de se relire avec plus de sévérité et de se rendre beaucoup plus concis.

M. Hegewisch, qui a publié son Histoire de Charlemagne en 1791, se montre plus juste envers ce prince. Tandis que Gaillard, né François, fatigue ses lecteurs de complaintes sur les malheurs qu'éprouvèrent les Saxons ïl y a dix siècles révolus, M. Hegewisch, né Saxon, reconnoît le besoin qu'avoient ses ancêtres d’être

subjugués.