Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages
La Bulgarie a, par un simple décret, proclamé res nullius les . propriétés des personnes ayant quitté le pays et elle se les a attribuées. Son ministère de l’agriculture avait une section spéciale chargée de faire la liquidation de ces propriétés dont une partie fut _confisquée par l'Etat et le reste vendu aux enchères. Ce pillage officiel laisse dans l'ombre le pillage opéré par les particuliers : après ce dernier il reste toujours quelque chose, le pillage officiel emporte tout. Ceci nous explique le chiffre énorme des dommages causés en Serbie aux biens meubles.
Nous sommes dans l'impossibilité d'énumérer toutes les mesures prises par l’ennemi contre la propriété soit privée, soit publique; cela nous entraînerait trop loin. Disons à titre d'exemple que la Bulgarie, non contente d’avoir déprécié officiellement l'argent serbe, a fini par déclarer qu'il n'avait plus cours.
Toutes ces mesures se ramènent à une seule cause: à savoir que l'Allemagne, l’Autriche-Hongrie et la Bulgarie ont voulu faire supporter par la population serbe l’effet du blocus dirigé contre eux; elles se sont approprié tous les biens qui leur manquaient. Il suffit de se rappeler l'extrême état de débilité dans laquellle étaient tombées les populations des pays envahis du nord de la France et de la Belgique en dépit du ravitaillement en vivres qui se faisait par les Croix-Rouges américaine, hollandaise et espagnole pour s’imaginer la mortalité de la population serbe à qui on ne pouvait rien envoyer et qui était dépouillée systématiquement par des pillages et des réquisitions imposées par un ennemi sans scrupules.
IX. La situation de la Serbie après sa libération.
À) L'état des voies de communication.
Sur le front de Salonique nous voyons les armées allemandes et austro-hongroises combattre à côté des armées bulgares. Celles-ci ayant capitulé, les unités de ses alliés n’avaient qu’à se retirer, en cherchant à faire le plus de mal à la population qui ne pouvait cacher Sa joie à la vue de la retraite de l’ennemi. Nous savons par expérience que les plus grands méfaits ont toujours été commis par une armée qui se retire à travers le territoire ennemi sans espoir de retour. Il est facile de concevoir la furie des soldats allemands et hongrois. Pendant que les simples combattants cherchaient à se munir en passant de tous les objets qui pouvaient leur paraître intéressants, les