Rapport sur les Dommages de Guerre causés à la Serbie et au Monténégro présenté à la Commission des Réparations des Dommages

commandants leur enjoignaient l’ordre de détruire les biens privés et surtout l'outillage national. L'armée se retirait par la vallée du Vardar et de la Morava que sillonne la ligne de chemin de fer BelgradeSalonique, longée par les lignes télégraphique et téléphonique. Cette ligne de chemin de fer ainsi que celles du téléphone et du télégraphe sont les grandes artères des communications modernes du royaume de Serbie. Tout le réseau de communications converge vers cette ligne de sorte que sa destruction se répercute sur tout le territoire et produit une paralysie générale des communications.

L'ennemi a méthodiquement détruit les fils ainsi que la ligne de chemin de fer et quand la Serbie devrait pouvoir respirer après le dégagement du front nord et communiquer avec le reste de l'Europe, elle se trouve dans l’état que l'Europe n'a connu qu'au XVI° siècle. La route qui, de l’Europe, conduit en Serbie par Fiume ou par Salonique était libre. C’est vrai, seulement les communications à l’intérieur du pays étaient impossibles. On peut s’imaginer la désolation de la population serbe se trouvant dans le centre du pays en apprenant que des stocks entiers de vivres se trouvaient entassés, ainsi que d'autres matières utiles, à Fiume et Salonique sans pouvoir aller plus loin qu'à Belgrade par le nord ou qu'à Skoplje par le sud.

Quand le gouvernement serbe s’est installé à Belgrade après la libération, il s’est aperçu de l'impossibilité de communiquer avec le reste du pays : les décrets prescrivant des mesures pour assurer la sécurité des personnes et des biens ne pouvaient atteindre les intéressés après 10 jours à une distance de 100 kilomètres.

L'ennemi a également détruit les routes, les ponts et tous les travaux d'art. Même s'il ne s'était pas livré à cette destruction, les communications auraient été difficilement rétablies par suite du manque de bétail de trait, de matériel, de harnais ainsi que des véhicules qu'il a emportés avec lui. L'armée d'Orient n'avait pas assez d'automobiles pour ses propres besoins et ne pouvait par conséquent rien faire pour atténuer le mal. La Serbie organisée n'existe plus; il ne subsiste que des parties isolées qui vivent d’une vie politique et économique tout à fait autonome. Belgrade et Skopljie sont pleins de fonctionnaires qui ne peuvent pas rejoindre leur poste. Quoiqu'il y ait déjà cing mois passés depuis la libération de la Serbie, bien des soldats n’ont pas encore pu communiquer avec leurs parents; il y a des familles qui ne savent pas encore si le soutien de leur maison est parmi les vivants. Les communications postales se font par des

charrettes.