Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

256 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

si souvent combattue. Mais, suis-je coupable d'accepter d’elle un secours, alors que le pays auquels j’appartiens, pour lequel ils ont versé leur sang, m'a privé de mes biens et veut me ravir jusqu'à mes titres d'honneur? Avouez, monsieur le maréchal, que ce n’est pas à lui que peut aller ma reconnaissance.

— Mais, pourquoi ne rentreriez-vous pas en France? :

— Parceque je ne peux ni ne voudrais demander l’aumône là où j'ai été jadis si heureux de la faire. J'avais quarante ans lorsque j'ai émigré '; à cet âge, on doit savoir ce que l’on fait; j'ai suivi la route que l'honneur me commandait de suivre. Si mon parti avait réussi, j'en aurais tiré avantage; il est vaincu et je me dois de supporter son malheur jusqu'au dernier moment.

— Vous courez le risque de ne jamais revoir votre patrie.

— Ce n’est pas mon opinion. Je conserve, au contraire, l’espoir que la cause du roi ne tardera pas à triompher. »

1. C'est à cet âge qu'avait émigré le marquis de La RocheAÿmon :