Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

LES ÉMIGRÉS ET LES GÉNÉRAUX DE NAPOLÉON: 259

— Non, je suis voyageur. »

Alors, un autre officier intervient et dit à son camarade :

« Ne vois-tu pas que monsieur appartient à cette brave noblesse qui a tout sacrifié à l’honneur !

— Je suis émigré, en effet.

— Nous ne connaissons plus ce nom que pour estimer et plaindre ceux qu’il désigne, reprend alors le même officier. Ils sont malheureux. Mais, nous le sommes aussi. Garçon, une bouteille de vin de Champagne. »

La bouteille apportée, il continue :

« Monsieur, vous nous ferez le plaisir de trinquer avec nous.

— Je ne bois que de l’eau, vous le voyez. Question de santé.

— Oh!je vous en prie, un demi-verre seulement. »

L'émigré accepte; les verres se choquent et l'officier dit :

« À la santé de celui que je ne nomme pas. »

Dix à douze des convives présents s'associent à son toast.