Récits des temps révolutionnaires d'après des documents inédits

260 RÉCITS DES TEMPS RÉVOLUTIONNAIRES.

L'émigré l’interroge :

« Votre nom, monsieur? De quel pays êtesvous ?

— Je suis d'un village du Languedoc. Quant à mon nom, il est trop obscur pour vous êtreconnu… Mais je vous demande la permission de vous l'aller dire un jour. Vous me rendrez ma politesse et nous boirons plus librement qu’aujourd’hui. Me promettez-vous ?.…

— De tout mon. cœur et, en attendant, vous accepterez, vous et ces messieurs, une tasse de café. »

Au récit de cette piquante scène, l’émigré ajoute ce qui suit :

« Je n'ai pas revu cet officier. Mais j'ai causé avec d’autres de tous grades, des soldats de toutes armes. Tous sont mécontents; ils se plaignent de la continuité de la guerre qui ne se fait,

disent-ils, ni pour la défense ni pour l'honneur de la France, mais pour l'élévation de la nouvelle famille. Ils se plaignent de la réquisition, de la faveur, bien autre, à les entendre, que sous l’ancien régime. Partout, j'ai entendu ce langage de la part même de ceux qui devraient être contents. Il est frappant d’avoir trouvé cette unifor-