Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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conquis; et comme les superbes campagnes, ainsi que les belles maisons de la ville qu'on avait confisquées, ne pouvaient, ni se louer, ni se vendre, ils en sollicitaient le morcellement et le partage. D'un autre côté, loin de se joindre à la masse des révolutionnaires pour blâmer la conduite et les vues du Résident de France, ils fréquentaient assidûment son hôtel, épousaient ses querelles contre les membres les plus accrédités de leur propre Gouvernement, en imputaient les principaux torts à ce dernier, et lui demandaient la cause d’une meésintelligence qui était, disaient-ils, trop préjudiciable à la nation pour n'être pas connue.

Mécontents de leur nouvelle révolution, parce qu'elle n’avait pas associé Genève à la France, ils n’osaient point encore la blâmer expressément sous ce rapport; mais ils annonçaient qu'elle n'avait point suffisamment satisfait la vengeance nationale : ils proposaient que le Tribunal Révolutionnaire reprit ses terribles fonctions pour faire encore justice de 5 à 600 citoyens épargnés et suspects ; enfin, ils en vinrent par degrés jusqu’à désigner parmi ces nouvelles victimes ceux des révolutionnaires qui pa‘raissaient les plus attachés à l’indépendance, et entre autres ceux que Soulavie leur dénonçait comme ses ennemis, c'est-à-dire plusieurs membres du Gouvernement Constitutionnel, qu'il appelait Temporiseurs, Modérantistes. Le parti Montagnard avait d’ailleurs des griefs particuliers contre ces derniers; car cetle masse indisciplinable s'était souvent et sérieusement trouvée aux prises avec eux, toutes les fois que, dans son impatience, elle avait voulu accélérer la seconde révolution avant que l’arrivée de Bousquet eùt annoncé à ses associés intimes que le moment de la commencer était venu.