Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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frappés de la peine desla prison domestique ou de l'exil perpétuel. Parmi ces derniers, se trouvait le célèbre Necker, qui cependant avait renvoyé ses lettres de bourgeoisie après l'intervention de 1782.

Parmi les mesures adoptées par le second Tribunal Révolutionnaire, il en est une qui mérite d’être signalée, parce qu’elle dénote l’égarement des partis. Quand tour à tour ils arrivent au pouvoir et qu'ils ne savent pas préparer pour la nation une législation dont la base soit l’expression de l'opinion publique, ils s'efforcent d’anéantir les volontés contraires, ils appellent à leur aide les proscriptions, les exils, les déclarations d'incapacité. En 1782. les aristocrates éloignèrent du Conseil Général le parti représentant tout entier. En 1794, les révolutionnaires ne craignirent pas d’avouer, qu'en étendant à tous les citoyens jugés par les deux tribunaux {ils étaient au nombre de 864) la privation des droits politiques, ils voulaient réduire l'opposition à l'impuissance, et rendre la contradiction muette. « En effet, lit-on dans le compte

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rendu du 6 septembre, la révolution actuelle doit ame» ner des lois régénératrices, et, pour assurer d'autant » mieux leur sanction, il convient d’écarter, soit de la » discussion, soit du vote, tous ceux qui en divers temps » ont paru ennemis des droits du peuple : cette disposi» tion devra nécessairement s'étendre sur tous ceux qui » ont été mis en cause par-devant le premier tribunal; » nos concitoyens en sentiront la nécessité et la justice. » Les représentants avaient émigré, les aristocrates émigrèrent, et la révolution mérita les mêmes reproches qu'autrefois avait mérités l'aristocratie !.

* Voir la Note H à la fin du volume.

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