Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

— Ali —

pas élé personnellement atteint par cette épouvantable révolution. En effet, si l'on ajoute les 343 dernières victimes aux 508 précédentes, il y a de quoi frémir en calculant que sa verge a déjà frappé près de la moitié de l'Assemblée du peuple, telle qu’elle était composée il y a deux ans, avant qu’on lui eùt associé un millier de natifs, et à peu près autant d'étrangers. Mais si cet effrayant calcul ne suffisait pas pour la peindre, un dernier trait en achèverait le tableau : c’est que les soldats Français euxmêmes, sous les bannières desquels elle fut commencée, ont versé des larmes, au récit qu'on leur a fait de ses derniers actes : c’est que, malgré les ordres barbares de Soulavie, la plupart des municipalités voisines ont protégé ouvertement les Genevois qui sont venus se jeter entre leurs bras, pour fuir cette boucherie : c’est qu’enfin elle a inspiré une pitié, dirai-je affectée, ou sincère? aux chefs de ces mêmes Français, dont le bras de fer nous a entraînés dans l’abime. Serait-ce, de leur part, regret de n’avoir point recueilli nos dépouilles ?Sont-ils jaloux de ce que les révolutionnaires genevois les ont dépassés dans leur propre carrière? Ou, comme il est plus naturel de le présumer, sont-ils alarmés du mouvement de recul que ces actes d'horreur ont imprimé à leur doctrine, et à ses sectateurs, en Suisse, en Allemagne, en Hollande et en Angleterre? Je l’ignore: mais on prétend que le Comité de Paris s’est empressé d'écrire à ces imitateurs dangereux, pour les inviter à mettre un terme à des excès si préjudiciables à sa cause; et, ce qui est certain, c’est que le ministre de Genève dans cette capitale revient sans cesse à la charge, pour conjurer ses commettants de se hâter d’ôter à la révolution la couleur Robespierrique, qui