Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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reconnaissaient pour chefs D’Hiauville, Guy, Renevier, Mathey, Pouzait et Pradier. Ils répandirent des chansons incendiaires, et commencèrent leurs expéditions nocturnes dans la soirée du 18 Juillet 1796, second anniversaire de la fameuse insurrection des Grillards. Dans cette soirée quelques citoyens qu'ils insultèrent en passant s'étant plaints à l'autorité, celle-ci prit des mesures, et le lendemain soir, Baudit, Pradier et leurs complices furent arrêtés en armes et faisant des espèces de patrouilles. Ils voulurent d’abord soutenir qu’ils étaient autorisés par le Gouvernement, ensuite ils mirent le poignard à la main; mais toute résistance fut inutile, on les conduisit en prison et en les fouillant on trouva sur l’un d'eux les chansons sédilieuses et le plan de leur association. Cette malencontreuse affaire souleva d’indignation le parti révolutionnaire exagéré auquel il ne fallait qu’un prétexte pour éclater. Il se prétendit attaqué et demanda hautement la mort des coupables. Espérant que celte irritation se calmerait avec le temps, les Syndics firent traîner la procédure en longueur. Les grands Jurés n’en furent nantis que dans les premiers jours d'Août, et la Cour criminelle ne fut appelée à prononcer son arrêt que le 22 Septembre.

Loin de calmer l’exaspération des révolutionnaires, ces lenteurs n'avaient fait que l’augmenter. Ils pensaient qu'on voulait sauver les accusés. Aussi, le Jour où la Cour criminelle se réunit pour les juger, se rassemblèrent-ils animés des plus menaçantes dispositions. Dès le matin une partie de la Garde soldée avait été mise sur pied; ils se mirent en rapport avec les soldats de ce détachement et n’eurent pas de peine à les plonger dans un état com-