Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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ment, j'eus la malheureuse certitude qu'on ne m'avait rien exagéré; car pendant toute la nuit du 19 au 20 juillet, étant dans l’antichambre du Conseil, environné de beaucoup de monde, je fus menacé particulièrement et collectivement de mort subite, c’était leur propre expression. Le lendemain je ne manquai pas d’instruire le Conseil de ce qui s'était passé la veille ; maïs il était trop occupé d'autres objets pour que celui-ci pût fixer son attention. On sait encore que, depuis quelques jours, on entendait parler de destituer le Gouvernement conslitutionnel, pour en substituer un provisoire jusqu'à la paix: qu'on établirait un nouveau Tribunal Révolutionnaire : que tout cela devait s’exécuter au plus tard le 19, en commençant par la célébration de l'anniversaire de 1794. Il y avait certainement bien de quoi échaulffer les esprits et causer de vives alarmes aux citoyens honnêtes et paisibles : chaque nuit on entendait vociférer, plutôt que chanter des chansons dont un peuple de Cannibales n’eûl jamais imaginé les paroles ; elles étaient toujours précédées et accompagnées de menaces ou de provocations: quelques citoyens ne se croyant pas en süreté, firent des patrouilles particulières ; de ce nombre étaient les citoyens Baudit, Pradier, Bonnet, Morin, Not, Durand, Raw, ete. Je déclare ici, de la manière la plus s0lennelle , n’en avoir jamais eu connaissance que par l’arrestation de ceux qui les faisaient : j'avais bien oui dire par des personnes inquiètes sur les événements, qu'il serait peut-être nécessaire de prendre cette précaution ; mais je repoussai toujours l'idée d’une pareille mesure, d'abord comme inconstitutionnelle, et ensuite comme infiniment dangereuse, tant par les rixes que pouvait