Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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occasionner la rencontre des partis opposés, que par la manière dont elle pouvait favoriser ceux qui ne cherchaient qu’un prétexte pour se mettre de nouveau en insurrection ; la ville était d’ailleurs surveillée de la manière la plus sûre, et sans que les malveillants pussent seulement le soupçonner ; enfin ces pairouilles, qui se faisaient sans le consentement et à l’insu du Gouvernement, furent rencontrées (comme cela devait nécessairement arriver) par les patrouilles autorisées ; d'abord celle de Durand et Rawi fut arrêtée dans la nuit du 17 au 18 ; la nuit du 18 au 19, qui fut surveillée par les Syndics, des administrateurs et Magistrats de police, fut calme; mais elle annonçait l'orage; on voyait l'agitation des esprits se manifester ; beaucoup de citoyens allaient et venaient dans les rues; quelques-uns se retiraient lorsqu'ils apercevaient des Magistrats venir à eux; les autres restaient tranquilles, assis ou debout, comme des personnes qui prennent le frais de la nuit: ce qu'il y a de plus important à remarquer dans tout ceci, c'est que le parti qu’on disait devoir s’insurger à chaque instant, était seul debout, et qu'à l'exception du Bourg-de-Four, du bas de la rue Verdaine, de la rue du Boule et de la place de la Grenette , tout le reste de la ville était désert et dans le plus profond silence. L’orage continua à grossir pendant la journée du 19 ; la nuit l’augmenta encore par l’arrestation de Baudit, Pradier et de quelques autres citoyens surpris faisant des patrouilles; enfin la journée du 20 le vit éclater. Dès le moment où les dits Baudit et Pradier furent emprisonnés, les propos qui se tinrent sur leur compte me firent concevoir les plus vives inquiétudes, non pas sur ce qui pouvait résulter d'une procédure lé-