Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

ceux qui en attendaient l'issue avec tant d’impatience, par l'assurance où ils devaient être qu’ils ne négligeraient aucun moyen de convaincre les prévenus, il me semblait que tout concourait pour faire espérer aux honnêtes citoyens que la justice aurait un libre cours, et que le jugement de la Cour Criminelle serait respecté, cet espoir se soutint chez moi jusqu’au moment où les Grands Jurés eurent formé leur acte d'accusation. Mais dès lors tout ce que j’entendis et tous les rapports qui me furent faits m'annonçaient que leur perte était jurée; je fis part de mes craintes à mes collègues Syndics, qui les partageaient, et au Conseil, qui, je le répète encore, les repoussait toujours. Convaincu de tout le danger que couraient les prisonniers, le samedi 10 septembre, comme Président du Conseil, j'invitai les Syndics à se rendre chez moi pour conférer sur les mesures à prendre pour la sûreté des prisonniers; nous fûmes unanimes et sur le danger qui les menaçait, et sur la nécessité absolue de prendre les précautions les plus fortes contre tout acte d'insubordination ou de violence : nous nous séparàmes cependant sans avoir arrêté; mais le citoyen Syndic Solomiac, qui remplissait alors par intérim, l'office de Syndic de la garde, jugea convenable de consulter le département de la force publique, pour avoir là-dessus son préavis: nous approuvâmes son idée, et nous convinmes de nous revoir, pour entendre le rapport du Président du département sur cette affaire : à l'heure convenue, le Syndic Solomiac se rendit chez moi et me dit : Le département a été si peu nombreux aujourd'hui, que je n’ai pas cru devoir mettre cette affaire en délibération; mais j'ai ordonné pour le 15 la convocation d'une assemblée extraordi-