Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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table, le citoyen syndic Solomiac arriva; sa présence occasionna une diversion momentanée; quelques citoyens profitèrent de cel instant pour me dire, dans les termes les plus pressants : Retirez-vous bien vite; croyez-nous, retirez-vous. Je rentrai en Conseil, où je rendis compte de la scène qui venait de se passer. C'était environ midi, le citoyen Nal avait disparu.

Je déclare que, dès ce moment, je restai constamment dans la salle du Conseil, et que ce ne fut qu'à sept heures du soir que j'en sortis pour me rendre chez moi, pour prendre quelque nourriture, n’en ayant pris aucune de toute la journée. On jugera combien la position du Conseil était pénible ; il voyait, d’un côté, la sûreté des citoyens, qui venaient d’être jugés, menacée de la manière la plus injuste et la plus effrayante, et la tranquillité publique éminemment exposée. Dans cetle cruelle alternative, il prit la résolution d’appeler auprès de lui un petit nombre de citoyens des plus marquants, pour avoir leur avis et se concerter ensuile sur le parti qu’il y avait à prendre pour la sûreté des condamnés : les citoyens nommés furent Cellier major, Constantin -Blanc, Dunant, major, Flournois-Delisle et Janot ; quelques autres citoyens vinrent aussi sans être appelés, Flourmois, Eynouf et Chenevière, fils de l'ancien geolier.

Lorsqu'il fut question d’opiner, les avis se trouvèrent si différents, qu'il était impossible de prendre aucune résolution définitive; mais dans le nombre de ceux qui furent ouverts, en voici un qui mérite quelqu’atiention. Le citoyen Chenevière, déjà nommé, qui en fit la proposition, dit : Il y a un moyen sûr d'empêcher qu'il arrive aucun mal aux citoyens qui viennent d'être