Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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croire que ceux qui la grossiraient seraient encore échauffés par le vin. Ces réflexions déterminèrent le moment fatal. Je demandai alors qu’on fit entrer Choffa dans la salle du Conseil, et je lui dis : Citoyen Choffa, vous nous répondez done de tous les événements ? Oui, citoyen syndic, j'en réponds sur ma tête. Vous êtes donc bien sûr des hommes que vous commandez? Oui, citoyen syndic, j'en suis sûr. Il sortit à l’instant pour conduire les condamnés aux prisons, et le citoyen syndic So/omiac fut chargé d'accompagner le cortège. J'observai que j'avais trouvé à Cho/ffa un air terriblement ému ; on me répondit, c'est qu'il à déjà un peu bu. J’attendais avec quelques collègues le résultat de cette opération, avee ce sentiment morne et inquiet que tout le monde sent, mais que personne ne peut dépeindre, lorsque tout à coup j'entends accourir : les portes s'ouvrent, et on nous apprend que le dernier des crimes vient de se commettre ; que Baudit et Pradier ne sont plus; que la garde même qui les conduisait avait coopéré à leur assassinat. Jugez, citoyens, de ce que fut ce moment pour des magistrats honnètes qui veulent sincèrement le bonheur de leur patrie, et qui, douze jours auparavant, avaient cru devoir prendre des mesures pour prévenir celte cruelle catastrophe : comme président, je demandai sur-le-champ que le Conseil eùtà prendre séance, et je dis : Nous avons donc encore à pleurer sur les maux de notre infortunée patrie! Mais sans nous arrêter ici dans d’inutiles discussions, le devoir impérieux de son salut nous ordonne de nous en occuper, et je fais en conséquence de nouveau la proposition qu'on fasse immédiatement sonner le tocsin et battre la générale, regardant ce moyen comme