Relation des faits accomplis par les révolutionnaires genevois de 1794 à 1796 : extraite d'ouvrages contemporains, et suivie de documents inédits

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voirs. Encore, pour que celle-ci fût vraiment sanctifiée , faudrait-il qu'elle éclatàt dans l’une de vos assemblées du Peuple, dans le temple même de Saint-Pierre. Oui, c’est dans cet antique sanctuaire de la liberté genevoise que doit s'élever le premier cri: périssent les tyrans ! C’est là que doit commencer avec éclat, mais se poursuivre ensuite avec calme, leur procès solennel, à la face du Dieu qu'ils outragent, au sein du peuple qu'ils oppriment, et qu'ils ont couvert d’opprobre. Le supplice de ces scélérats doit être suivi du châtiment de tous ceux des Juges du Tribunal Révolutionnaire, qui ont concouru à ses sentences de mort; de tous ceux qui se sont volontairement laissés associer à la Commission spoliatrice qui fui a succédé, qui dispose des fortunes comme il avait disposé des vies, et qui a changé votre Hôtel-de-Ville en une caverne de brigands, où le crime tout organisé commande au crime, et en partage les fruits entre ses satellites.

Quand ces monstres auront disparu, quand vous aurez satisfait les mânes de l'innocence par le sang des coupables, alors seulement vous pourrez faire croire au monde que tant de forfaits que vous aurez enfin punis, n'étaient point votre ouvrage, mais celui des chefs sur qui vous les aurez vengés. Alors, après un deuil long, général, sincère et expiatoire, votre République pourra sortir sa tête de la poussière, et solliciter un rang parmi les villes civilisées. Et encore, par quelle suite non interrompue de vertus paisibles ne faudra-t-il pas honorer cette nouvelle Genève, pour rendre un jour à ses enfants l'estime d'eux-mêmes, et celle de l'Europe, et pour effacer le nom de leurs pères du registre des assassins de la liberté !