Rouget de Lisle : sa vie, ses œuvres, la Marseillaise

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« — Vous oubliez, dit-il, les veuves et les blessés de Juillet. 11 y a plus malheureux que moi. »

Parmi les hommes qui avaient lutté avecle plus d’ardeur et de succès contre la cour de Charles X et qui, par conséquent, avaient eu la plus grande part dans le triomphe de la Révolution de 1830, figurait en première ligne Béranger, dont les chansons el les poursuites judiciaires avaient surexcité au dernier point l'opinion publique. Aussi, ne pouvait-il être oublié.

Mais Béranger, toujours dévoué pour les autres, profit plus pour ses amis que pour lui-même de la situation qui lui était faite. Peu de temps après la Révolution un aide de camp de Louis-Philippe fut chargé de s'informer de la position du chansonnier.

« Demandez-moi ce que vous voudrez, lui dit-on, le roi vous l’accordera. »

Béranger ne demanda rien pour lui, mais il sollicita pour Rouget de Lisle une pension de 1,000 francs quilui fut accordée sur la cassette même du roi, et l’envoi du brevet fut accompagné d’une lettre dans laquelle il était écrit : « L'Hymne des Marseillais a réveillé dans le cœur du roi des souvenirs qui lui sont chers; il n’a point oublié que l’auteur de ce chant patriotique fut l’un de ses camarades d’armes. »

Cette première pension était de 1,000 francs. Béranger la regarda comme insuffisante et plus tard il travailla et réussit à la faire augmenter.

Les amis de Rouget faisaient, de leur côté, leurs efforts pour rendre au poète de Montaigu les honneurs qu'il méritait, et le général Blein demanda et obtint pour Rouget la croix de la Légion d'honneur. ”

Rouget refusa d’abord, sous prétexte que Béranger luimême n'avait pas obtenu cette distinction; mais Béranger avait résolu de n’en accepter aucune.