Séance de rentrée des cours de la Faculté de théologie protestante de Paris, le samedi 7 novembre 1903

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langues du Nord, il avait appris l'italien et l'espagnol; l’histoire et la littérature des deux péninsules latines lui étaient devenues familières.

Dès le début, le côté moral et politique de cette étude l'emporta, à ses yeux, sur le côté littéraire. Évidemment, la littérature n'était à ses yeux que l'expression des opinions politiques et religieuses d’un peuple. Il a professé alors quatre années au Collège de France, avec quel éclat! vous le savez. Toute la jeunesse libérale de l’époque se donnait rendez-vous à ses leçons, à celles de son ami Michelet et du polonais Mickiewitch.

Ses auditeurs s’aperçurent, dès le cours sur les Révolutions d'Italie (1841-42), de l'importance qu'il attachait à la question religieuse pour l'explication des événements politiques. Il se demande, par exemple, comment un peuple doué d’aspirations démocratiques et qui a eu si tôt des institutions municipales, comme les Italiens, n’a pas réussi à se constituer en nation. Il répond que les deux obstacles ont été la conception, enracinée chez les classes dirigeantes, du saint Empire romain avec un empereur étranger et l'esprit cosmopolite de la papauté, dont s’imprégnèrent les républiques italiennes. Toutes les fois que des villes, comme la Ligue lombarde, ou certains démocrates tels qu'Arnauld de Brescia ou Cola di Rienzi tentèrent de constituer une Italie indépendante, le pape et l'empereur se coalisèrent pour lés écraser. La grandeur prophétique de Savonarole est d’avoir compris que pour sauver la nationalité italienne, il fallait porter la révolution dans l'Église même.

Ses cours des années suivantes sur les Jésuiles (1842-13), sur l'Uitramontanisme (1843-44), le Christianisme et la Révolution française (1844-45) nous touchent de plus près, et ont un tel intérêt d'actualité, qu'ils nous retiendront plus longtemps.

On a reproché à Michelet et à Quinet d’avoir introduit l’odium theologicum dans l'atmosphère paisible du Collège de France, par un vain amour de la popularité, et d’avoir, en attaquant les jésuites, rouvert l'ère des discordes religieuses. Reproche immérité. C’est par conscience, non par gloriole, que Quinet s’est décidé. Il a été tout naturellement amené à s'occuper d'eux, et par la suite de ses études sur les révolutions d'Italie, et par les circonstances que traversait alors la France. Cet ordre célèbre,