Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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plissant pour les orthodoxes ses fonctions ecclésiastiques : il eut l’occasion d'étudier les mœurs et la langue de ses compatriotes dalmates et commença à composer de petits livres pour la jeunesse. Sa véritable vocation littéraire date de ce séjour en Dalmatie.

Il resta à Zara jusqu’en 1771. Son séjour dans cette pro vince exerça une très heureuse influence sur le reste de sa carrière. Il entra en contact intime avec le peuple serbocroate et se fit également estimer par les orthodoxes et par les catholiques. Il rapporte lui-même avec une joie naïve combien ses auditeurs serbes étaient fiers d'entendre louer ses sermons par les prêtres catholiques.

Ainsi, dans ses voyages, Dosithée avait appris le grecet l’albanais. L’albanais ne devait pas lui servir à grand’chose, mais la connaissance du grec lui fut d’un grand secours. De Zara il se rendit à Vienne pour apprendre Vallemand. Il y passa six années qui, dit-il, lui parurent six journées. Grâce à sa connaissance parfaite du grec, ilobtint une situation de précepteur dans la famille d’un riche marchand et organisa des cours privés qui compièrent jusqu’à douze élèves. L’argent que lui rapportaient ses leçons, il l’employait à payer des maitres qui lui enseignaient le latin et le français. Le professeur de latin lui apprenait en outre, dans cette langue, la logique et la métaphysique.

Obradovitch nous fait de la vie viennoise une peinture idyllique. L’Augarten, le Prater, Schœnbrünn l’enchantent tour à tour et il exalte le charme de la promenade à pied avec un enthousiasme qui ravirait nos modernes amateurs de footing. Sobre et réservé dans ses plaisirs, ilne se croit pas tenu par son caractère ecclésiastique de renoncer à la vie mondaine, aux redoutes, à l'opéra italien, à l'académie, aux concerts. Il se mèle si bien à la vie viennoise, il apprend si bien l'allemand qu’il devient capable de donner des leçons en cette langue.

Pendant la septième année de son séjour à Vienne il reçoit la visite d’un prélat serbe qui l'emmène à Modra (c’est un bourg slovaque du comitat de Presbourg) pour faire l’édu-