Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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ces trois femmes ne sont plus en vie? Sont-ils les maîtres de la vie et de la mort? Mais, dira-t-on, les Saints Pères ont établi cette loi. Les Saints Pères qui l'ont établie étaient des moines, des ermites, ennemis jurés du mariage et de la procréation ; s'ils ne s’élaient pas mêlés des affaires qui ne les regardent pas, ils auraient beaucoup mieux fait. Le mariage, c'est l'affaire des laïques, des chefs civils qui, eux, sont non seulement en paroles, mais, en réalité, les Saints Pères. Qui est pour moi le père le plus saint, sinon celui qui m'a engendré et nourri? S'il ne s'était point marié, s'il ne m'avait point procréé avec ma chère mère, je ne serais pas de ce monde, et des millions de Saints Pères ne me serviraient de rien. Ce ne sont ni les jeûnes ni les prières qui font naître les enfants, mais le saint mariage, voulu de Dieu.

J'ai entretenu de cette question notre défunt métropolitain Vincent. Voici ce qu'il m'a répondu : « de sais bien ce qui en est. Mais la responsabilité remonte à ceux qui ont fait ces lois. Nous devons les suivre aveuglément. » Mais à quoi bon suivre une loi quand on sent qu'elle est absurde ? Malheur à une société qui n'est capable d'aucune amélioration.

Voilà un langage qui sent quelque peu le fagot.

Le moine philosophe s'était imaginé que l’archevèque l’enverrait en Allemagne avec ses élèves; mais ses espérances ne se réalisèrent pas. À l'automne de l’année 1779, ‘se rendit à Trieste, où il rencontra de riches négociants serbes qui lui confèrent l'éducation de leurs enfants. Dans cette ville, il rencontra aussi un archimandrite russe qui l'emmena avee lui en Italie. Puis il gagna Chios et Constanstinople, et ensuite Galatz et [assy. Partout il trouva le moyen de vivre comme maitre de langues. En trois ans, il avait économisé trois cents ducats. Il s’adjoignit à des marchands qui allaient en Allemagne, traversa la Galicie, une partie de la Silésie et, par Leipzig, arriva à Halle. « Là, dit-il, je dépouillai lhabit ecclésiastique et je revêtis les habits pécheurs des laïques. » Et il se mit à étudier la philosophie, l'esthétique et la théologie naturelle chez le plus illustre philosophe de l'Allemagne, Eberhard. Il s’enthousiasme au souvenir du temps passé « dans ce sanctuaire de la science et des Muses ». Il reporte sa pensée « vers cette