Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

MOLIÈRE A RAGUSE 107

l’année 1713: Plurimas ex gallico idiomate Comedias in illyricum convertit, rebus nominibusque ad hanc regionem accommodatis. — Notons en passant qu’un Raousain, Pierre Boskovie, avait entrepris de traduire le Cid ; ta mort l’empécha d'achever cette traduction. Ses compatriotes estimaient qu’elle était supérieure à l'original. Au témoignage de Dolci, un autre interprète de Molière fut Martin Tudisevice, — qui gallicas J. B. de Molière Comædias non solum illyrice vertit, sed etiam illyricis refertas salibus mori ragusino venuste accommodavit.

Appendini, dans ses Notizie istoricocritiche (Raguse, 1803), nous apprend, à propos de Bunic, qu'il avait laissé parie commedie francesi tradotte in illirico. I s’agit très probablement des pièces de Molière. Il attribue à Sorkocevic (1766-1771) quelques comédies de Molière traduites en prose. Il en attribue également à Giuseppe Nettondi, Gianfranco di Sorgo, Marino Tudisi (Tudisevic). « Tudisi, dit-il, les représenta à la grande joie des spectateurs ; mais il y en eut qui regrettèrent de voir des bouffonneries grossières substituées aux traits d'esprit délicats du grand poète franais. » On a découvert, il y a un peu plus d’un quart de siècle, l’épitaphe de Tudisi Tudisevic ; j'en détache seulement les lignes suivantes.

Memoriæ Marini Francisa Tudisi

qui Molieri ConmϾdias Jucunde per ludum referens Ad veteres domesticos et urbanas consuetudines Vernacula festivitate illyrice eleganter vertit

Malheureusement les manuscrits qui nous sont parvenus jusqu'ici sont — sauf la Psyché de Sorkocevie — absolument anonymes. Les traducteurs étaient évidemment des gens sans prétentions et qui travaillaient vite. Deux pièces seulement ont été traduites en vers, Psrché et Don Garcie,