Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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ductions, rend habituellement le motthéâtre ou le mot Palais Royal.

Les traductions sont en général fort libres. J'ai déjà remarqué que, sauf celle de Psyché, elles sont toujours en prose. Le traducteur passe des tirades ou des scènes entières ; il se permet parfois des modifications qui touchent à l'essence même de la pièce.

Sauf dans Don Garcie de Navarre et dans Psyché les noms des personnages sont partout remplacés par des noms familiers au publie indigène. C’est un procédé qu'on rencontre dès le xvi° siècle dans les traductions. Le jeune premier s'appelle Giono (Jean), la jeune première Anica, le père Reno; Ilia (Elie) est toujours le nom du personnage comique. Alceste devient Giono et Célimène devient Marguerite. Le français vous est remplacé par le tutoiement: toutes les fois que, dans Molière, il est question du roi, le traducteur lui substitue, tantôt le prince (Knez), c’est-à-dire le chef supérieur de la république, tantôt la seigneurie, tantôt le petit conseil.

Tous nos lecteurs savent par cœur la chanson

Si le roi m'avait donné Paris sa grand'ville

qu’Alceste oppose au sonnet d'Oronte, À cette chanson le Giono ragusain substitue une chanson bosniaque dont voici la traduction :

Si le sultan Osman me disait : « Tu seras Seigneur de tout Constantinople, Mais n'aime pas la jeune et belle femme d'Osman Et ne va pas chez elle la baiser. » Je dirais au grand sultan : « Règne dans ta Constantinople Je veux aimer la jeune femme d'Osman Et je donnerais tout mon bien Pour baiser ses chères lèvres. »

Sur quoi Maro, qui correspond à notre Oronte, réplique :