Serbes, Croates et Bulgares : études historiques, politiques et littéraires

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nir, alors tisse-moi une culotte et une chemise en signe de soumission. Senkovié s’indigne et pleure, il est vieux et ne peut relever le défi. IL expose à son fils la cause de ses larmes :

Je suis très vieux; je ne peux pas me tenir à cheval, à plus forte raison, lutter contre un Turc et je n'ai pas appris à tisser; je ne peux pas tisser des chemises aux Turcs.

C’est, baissée d’un ton la scène de Don Diègue et de Rodrigue. [vo le fils du vieillard lui offre d’aller combattre pour lui. Le père hésite et ne tient pas tout d’abord le langage de Don Diègue :

Va! Tu fais ton devoir et le fils dégénère Qui survit un moment à l'honneur de son père.

Il lui dit :

Tu iras, mais tu ne reviendras pas. Tu n'as pas seize ans. Le Turc est un héros sans pareil... il a des armes terribles. Tu perdras la vie et que deviendra après toi ton pauvre père? Qui le nourrira ? Qui l’ensevelira après sa mort?

Le fils répond dans un langage viril :

Donne-moi avec ta bénédiction la permission d'aller au combat. Tant que ton fils Ivo sera de ce monde tu ne tisseras point ‘de chemise au Turc.

Le père consent, selle le cheval de son fils etlui apprend les qualités de ce merveilleux animal qui sait seconder son maître dans les combats.

Le fils se rend dans la tente de l’aga et le trouve buvant du Malvoisie. Voilà, soit dit au passant, un bien mauvais musulman. L’aga méprise ce jeune rival indigne de lui, ce « jeune présomptueux ». Il ne lui fera pas l'honneur de le tuer en combat singulier : « Je le ferai prisonnier; son père a, dit-on, beaucoup d’argent ; il le rachètera pour six sous d’or ».

Avant d'entamer les hostilités le Ture a fait à son jeune